Politique. Comprendre le vote des Français.es au second tour de la présidentielle

Voici une étude de BVA qui devrait permettre d’y voir plus clair après le vote des Français.

Au soir du 24 avril, les Français.es ont découvert le visage de leur nouveau président de la République dans les traits d’Emmanuel Macron. Cette victoire du Président sortant est-elle une victoire par défaut ? Quelle est la sociologie du vote pour ce second tour du scrutin Présidentielle ?

Observe-t-on une fracture au sein de l’électorat français ? Et si oui, la France de Marine Le Pen et celle d’Emmanuel Macron sont-elles irréconciliables ?

Emmanuel Macron : une victoire par défaut ? 

Une large majorité des électeurs d’Emmanuel Macron au second tour (56%) affirme avoir voté pour lui avant tout pour faire « barrage » à Marine Le Pen. Seuls un tiers d’entre eux déclarent avoir voté pour lui, pour ses propositions politiques (33%)

Au-delà de la volonté de barrer la route à la candidate du Rassemblement national, une partie des électeurs d’Emmanuel Macron ont fait un choix de continuité et de réassurance dans un contexte de crises multiples (crise sanitaire, guerre en Ukraine).

Toutefois, l’écart de résultat entre les deux finalistes étant deux fois moins élevé qu’en 2017 (on passe de plus de 30 points d’écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen en 2017 à 15 points environ en 2022), laisse supposer une perte d’intensité du barrage républicain.

Autre élément révélateur : une partie non négligeable des électeurs dont le candidat n’a pas passé le cap du premier tour a préféré s’abstenir ou voter blanc au second tour plutôt que de choisir entre les deux finalistes, notamment parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Dans le clan de Jean-Luc Mélenchon, les reports de voix se sont faits beaucoup plus en faveur d’Emmanuel Macron (36%) que de Marine Le Pen (18%). A noter cependant que 38% d’entre eux se sont abstenus et 8% ont voté blanc ou nul. Soit près de la moitié d’entre eux (46%) qui ont refusé de faire un choix entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le Président nouvellement élu dispose toujours d’un socle électoral solide. Parmi ses électeurs du premier tour de 2017, ils sont plus de 7 sur 10 à avoir à nouveau voté pour lui au 1er tour, dimanche 10 avril 2022 (71%) et 91% à avoir voté pour lui le 24 avril.

Le débat télévisé suivi par plus de 15 millions de téléspectateurs en direct au soir du 20 avril n’a pas changé la donne (assez classiquement donc comme tous les débats depuis 1974).

Parmi les électeurs ayant regardé le débat et voté pour l’un des candidats, seuls 4% déclarent que le débat les a fait changer d’avis. 54% disent que le débat n’a pas compté dans leur choix et 46% que cela a compté… mais en les confortant dans leurs positions.

Que nous dit la sociologie du vote
de l’état d’esprit des Français.es ?

Les données de l’enquête nous confirment qu’il y a bien une fracture dans l’électorat entre :

. d’un côté celui d’Emmanuel Macron plus âgé (64% des 60-69 ans et 74% des 70 ans et plus ont déclaré avoir voté pour lui), plus CSP + (64% des catégories socio-professionnelles supérieures & 73% des cadres), aisé (74% des personnes se sentant appartenir aux classes aisées) et plus urbain (63% des personne vivants dans de grandes agglomérations dont 71% en IDF). Les préoccupations et motivations de vote de cet électorat sont principalement liées à l’Europe (37%), les relations internationales (36%) et la situation économique de la France (35%).

. et celui de Marine Le Pen qui réalise à l’inverse de très bons scores chez les 25-34 ans (49%), les employés (57%) et les ouvriers (58%), les habitants des communes rurales (51%), chez les sympathisants des gilets jaunes (71%) et ceux qui se sentent appartenir aux classes défavorisées (72%) ou populaires (60%). 

Auprès de cet électorat, ce sont clairement les thèmes du pouvoir d’achat (60%) et de l’immigration (50%) qui ont avant tout motivé leur vote, loin devant toute autre thématique.

Voilà tout l’enjeu de ce futur quinquennat pour le président nouvellement élu. Comme annoncé dans son discours le soir de son élection « nul ne sera laissé au bord du chemin » : il a dorénavant cinq ans pour répondre aux préoccupations de tous les Français.es.

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