Politique. Chlordécone : les socialistes sont contents mais restent prudents pour la suite

Les premiers secrétaires des Fédérations de Martinique et de Guadeloupe, Béatrice Bellay et Olivier Nicolas, secrétaire nationaux à l’Egalité réelle et aux Outre-mer du Parti socialiste, ont publié un communiqué conjoint relatif à l’examen et au vote, jeudi à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi visant à reconnaître la responsabilité de l’Etat et à indemniser les victimes du Chlordécone.

Que disent-ils ?

« Les socialistes de Guadeloupe et de Martinique se réjouissent de l’adoption en première lecture à l’Assemblée nationale du texte visant à graver dans la loi de la République la responsabilité de l’Etat dans le scandale sanitaire du chlordécone aux Antilles.

Fiers de notre camarade député Elie Califer, son rapporteur ; de l’ensemble des députés du groupe socialiste qui l’ont inscrit au coeur de leur journée d’initiative parlementaire ; et des députés de toute la gauche (LFI, GDR, Ecologiste) qui l’ont fortement soutenue, nous pouvons dire : « Nou fèy ».

L’âpreté des débats et la volonté manifeste du Gouvernement et de ses soutiens parlementaires d’amoindrir la portée de ce texte suffisent à démontrer à quel point la reconnaissance de responsabilité de l’Etat est bel et bien essentielle pour continuer le combat pour l’indemnisation des victimes et pour la dépollution des sols de Guadeloupe et de Martinique.

L’abstention de l’ensemble des groupes de la majorité présidentielle relative et celle d’une majorité des députés du Rassemblement national, sans oublier la présence d’un seul et unique député LR qui s’est également abstenu, montre bien qu’il y a encore une résistance à admettre l’ampleur du préjudice subi par la Guadeloupe et la Martinique.

Chacun sait désormais « qui est qui » et « qui veut quoi ».

Ces votes, tout comme certains propos dans les débats, témoignent aussi d’une résistance au moins aussi grande à tirer réellement les enseignements de ce scandale s’agissant des processus de décision en matière d’autorisation de certains produits dangereux pour l’environnement et pour la vie humaine.

Le récent recul du Gouvernement — pour acheter la paix sociale — sur le plan « Ecophyto » de réduction d’utilisation de produits phytosanitaires dans l’agriculture, la gestion du dossier glyphosate ou encore la tentation de réintroduire les néonicotinoïdes, sont hélas la preuve que subsistent encore aujourd’hui des réflexes similaires à ceux qui ont prévalu au moment d’accorder les dérogations à l’utilisation du chlordécone dans les années 80 et 90.

C’est pourquoi nous continuerons d’être vigilants, et ce dès le passage de cette loi au Sénat.

Nous devrons encore faire bloc face aux groupes politiques dont l’abstention de ce jour indique qu’ils n’ont certainement pas renoncé à détricoter ce texte essentiel pour continuer le combat pour la justice, pour l’indemnisation et pour la dépollution. »

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