Politique. Ce que Victorin Lurel a dit d’Amélius Hernandez

Les auditions de la Commission d’enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences contiennent des pépites. 
Peut-on les publier ? Pourquoi pas, puisque les auditions et le rapport auxquelles elles ont abouti sont publiés sur le site de l’Assemblée nationale. Donc tout ceci est public. 

Parmi les personnes convoquées, Victorin Lurel, sénateur, qui, comme il le dit « n’a jamais été en charge de l’eau », ni au SIAEAG ni ailleurs, s’étonnant d’être auditionné, « alors que d’autres auraient du être convoqués. »

Mis en cause dans le procès fait à Amélius Hernandez, ancien président du SIAEAG, M. Lurel dit les choses. Sans langue de bois. C’est ainsi. « Je ne suis pas très apprécié du fait de mon franc-parler », dit-il à la présidente Mathilde Panot, présidente de la commission.

Verbatim

« M. Hernandez n’a jamais été mon ami.

(…)

J’ai bien sûr côtoyé M. Hernandez en tant que président du conseil général, fonction que j’ai occupée neuf ans, mais je n’ai pas une seule fois voyagé avec lui.

(…)

N’appréciant pas certaines façons de procéder, je me méfiais de M. Hernandez. Je ne me suis rendu qu’une fois aux Journées de l’eau, mais l’ambiance m’y a paru si outrancièrement festive, dès le parking, que j’ai refusé d’y entrer, ce dont mon cabinet peut témoigner. De même, je n’ai jamais donné suite aux demandes du SIAEAG de 80 000 euros de subvention pour organiser ces festivités.

(…)

Alors que j’étais ministre, M. Hernandez m’a dit être ruiné, abandonné par ses amis. Des rumeurs commençaient déjà à circuler à l’époque. Un divorce politique m’a éloigné de M. Gillot, à qui nous avions confié, sous l’étiquette du parti Guadeloupe unie, socialisme et réalités, la présidence du conseil départemental. Quelques années plus tard, sa coalition hétéroclite m’a battu aux élections régionales de 2015. Ceux qui en faisaient partie travaillaient avec M. Hernandez. J’apprends depuis qu’au tribunal, M. Hernandez n’a pas dénoncé ses amis proches, mais Victorin Lurel.

(…)

Je ne fréquentais pas les responsables de l’eau en Guadeloupe, n’aimant pas ce milieu et ses habitudes festives. Je ne les ai côtoyés qu’une seule fois, lors d’un voyage officiel à Cuba, pour le compte de la région, dans le cadre d’une mission de coopération. À l’arrivée de Danilo Medina, président de la République dominicaine, M. Hernandez, qui possède la nationalité dominicaine, est venu montrer qu’il connaissait le ministre. Je ne suis pas sûr qu’une telle attitude soit bien perçue à Saint-Domingue.

(…)

M. Hernandez festoyait et menait grand train, les autres suivaient.

(…)

J’ai refusé de financer la moindre Journée de l’eau, qui revenait à 600 000 euros. M. Hernandez m’en veut à mort. J’ai toujours dénoncé ses frasques.

(…)

Voilà ce qu’il en est. Je ne suis pas très apprécié du fait de mon franc-parler.

(…)

Ils formaient un clan, une coterie. Ils se réunissaient lors de fêtes et décidaient de la nature des prestations à réaliser dans le cadre du marché octroyé à la Nantaise des eaux. Nous nous sommes fâchés et nous avons réclamé la destitution de M. Hernandez. Les querelles se sont aggravées et le réseau a commencé à se détériorer, comme s’il existait un lien de cause à effet. 

(…)

M. Hernandez a déclaré qu’il « lâcherait » tout (au procès, NDLR). Il n’en a pourtant rien fait. Il existe encore une omerta. La justice doit se saisir de cette affaire.

(…)

Je m’étonne de me retrouver devant vous. Ceux qui auraient dû s’exprimer sur le sujet de l’eau n’ont pas été convoqués. »

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