Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président américain Joe Biden se sont rencontrés vendredi à Ottawa pour discuter de la crise en Haïti. Ils ont annoncé qu’ils étaient parvenus à un accord pour appliquer les termes de l’accord sur les tiers pays sûrs aux demandeurs d’asile en situation irrégulière aux postes-frontières non officiels.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président américain Joe Biden, qui se sont rencontrés vendredi à Ottawa. C’était pour discuter, entre autres, de la crise en Haïti. Ils ont annoncé qu’ils étaient parvenus à un accord pour appliquer les termes de l’accord sur les tiers pays sûrs « aux demandeurs d’asile en situation irrégulière aux postes-frontières non officiels. En vertu de cet accord, les migrants doivent demander l’asile à leur premier point d’entrée. Cependant, les Haïtiens et d’autres migrants utilisent depuis longtemps une faille dans l’accord pour entrer au Canada et demander ensuite l’asile », peut-on lire dans le Miami Herald
« Il est fortement dans l’intérêt du Canada comme des États-Unis de favoriser un processus sécuritaire, juste et ordonné en matière de migration, d’asile et de sécurité à la frontière. Cette démarche s’assortit d’un engagement à s’attaquer aux causes profondes des migrations irrégulières et des déplacements forcés tout en respectant les droits de ceux qui fuient la persécution. Forts de cet engagement, le Canada et les États-Unis ont annoncé un protocole additionnel qui élargit l’Entente sur les tiers pays sûrs et s’applique à toute la frontière terrestre, y compris aux cours d’eau intérieurs », peut-on lire dans un communiqué du gouvernement canadien après le sommet entre le PM Justin Trudeau et le président américain Joe Biden, vendredi 24 mars 2023.
« L’application de l’Entente sur les tiers pays sûrs dans les cours d’eau intérieurs et sur l’ensemble de la frontière terrestre entrera en vigueur à 00 h 01 (HAE) le samedi 25 mars 2023. À l’avenir, les ressortissants étrangers qui traverseront la frontière canado-américaine à n’importe quel endroit ne seront pas admissibles à soumettre de demande d’asile, sauf s’ils sont visés par une exception prévue à l’Entente sur les tiers pays sûrs. Dans le cas contraire, ils seront renvoyés aux États-Unis ou au Canada pour y soumettre leur demande d’asile, en vertu du principe du premier pays sûr », a indiqué ce communiqué du gouvernement canadien.
« Le Canada et les États-Unis vont continuer de promouvoir des voies d’immigration sûres et légales ainsi que d’améliorer la capacité dans l’ensemble des Amériques. Dans le but d’appuyer ces efforts, le Canada accueillera 15 000 personnes déplacées de plus pour continuer d’étendre ces voies légales et sécuritaires dans tout l’hémisphère et offrir ainsi une solution de rechange à la migration irrégulière ainsi qu’une voie d’accès aux opportunités économiques », selon ce communiqué.
« Lorsque l’accord entrera en vigueur à minuit ce soir, les agents frontaliers renverront les personnes qui traversent la frontière au poste frontalier canado-américain le plus proche », a déclaré M. Trudeau vendredi lors d’une conférence de presse avec M. Biden à l’issue de leur réunion. « Nos équipes ont travaillé dur pour parvenir à cet accord. Tout ce travail permettra de dissuader l’immigration irrégulière à nos frontières », a dit M. Trudeau, soulignant que le Canada et les États-Unis partageaient la plus longue frontière terrestre du monde et que pour assurer la sécurité des personnes, il fallait « assurer la sécurité des demandeurs d’asile, la sécurité de nos frontières et la solidité de notre système d’immigration ».
« Nos deux pays croient en une migration sûre, équitable et ordonnée, en la protection des réfugiés et en la sécurité des frontières », a-t-il déclaré. « C’est pourquoi nous appliquerons désormais l’accord sur les tiers pays sûrs aux demandeurs d’asile qui traversent entre les points d’entrée officiels. M. Biden a déclaré que cet accord s’inscrivait dans le cadre des efforts déployés par les États-Unis pour faire face aux » niveaux historiques de migration ».
Joe Biden a souligné que le nombre de migrants arrivant à la frontière entre les États-Unis et le Mexique « a chuté de manière précipitée » depuis que son administration a annoncé, début janvier, de nouvelles règles pour les frontières. Ces nouvelles règles exigent que les demandeurs d’asile utilisent une application mobile pour demander un rendez-vous à la frontière ou pour obtenir une autorisation de voyage pour venir aux États-Unis une fois qu’ils remplissent les conditions requises dans le cadre d’un programme humanitaire pour les Cubains, les Haïtiens, les Nicaraguayens et les Vénézuéliens.
« Je félicite le Canada d’avoir mis en place un programme similaire, ouvrant ainsi de nouvelles voies légales pour les 50 000 migrants qui viennent au Canada depuis des pays de l’hémisphère occidental », a déclaré M. Biden. Dans le cadre de l’accord, le Canada a accepté d’accueillir 15 000 migrants supplémentaires de l’hémisphère occidental sur une base humanitaire au cours de l’année.
Le passage à niveau de Roxham Road, un chemin de terre entre New York et le Québec, est depuis des années populaire parmi les migrants d’Haïti, du Nigéria et des pays d’Amérique latine qui estiment qu’il est plus facile d’obtenir l’asile au Canada qu’aux États-Unis. En 2017, des dizaines d’Haïtiens ont fui vers la traversée après que le président Donald Trump a annoncé qu’il mettait fin au statut de protection temporaire pour les Haïtiens.
Ces dernières années, alors que le climat sécuritaire en Haïti s’est dégradé, des policiers haïtiens et d’autres professionnels ont également emprunté le passage, s’envolant vers Miami et New York, puis voyageant en bus ou en voiture jusqu’au nord de l’État de New York pour enjamber un pont bas au-dessus d’un ruisseau et arriver à Champlain-Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, dans l’espoir de trouver un permis de séjour au Canada, peut-on lire dans le Miami Herald.
Le programme n’est pas encore élaboré
« Le programme n’a pas encore été élaboré. Je m’attends à ce qu’il reflète de manière disproportionnée les migrants d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ou peut-être d’Haïti en particulier, compte tenu de la situation spécifique du pays à laquelle nous sommes confrontés sur le terrain, et du lien évident entre les communautés du Canada et le peuple haïtien », a dit dans la presse le ministre de l’immigration au Canada, Sean Fraser.
« Les détails de la conception du programme doivent être précisés dans les semaines à venir, mais dès que nous disposerons des informations sur la manière dont les personnes peuvent bénéficier de ces voies d’accès régulières au Canada, nous les mettrons bien sûr à disposition afin que les personnes puissent planifier en conséquence et se prévaloir de la possibilité de demander la protection du Canada par le biais des voies d’immigration régulières », a-t-il dit.
« Le programme migratoire concerne toutes les Amériques, incluant Haïti. L’un des objectifs est de réduire les mouvements migratoires dangereux. Ce n’est pas un nouveau programme avec un quota mensuel. C’est un programme pour lequel on va se servir des mécanismes que l’on déjà, peut-être en les accélérant, peut-être en explorant d’autres possibilités pour le travail temporaire. Je n’ai pas beaucoup de détails. Je m’attends à ce que cela soit expliqué dans les semaines à venir, après Pâques », a confié l’ambassadeur du Canada en Haïti, Sébastien Carrière.
Migration sélective ? « J’ai l’impression que cela sera plus accessible. On parle de migrants dans le communiqué. Il y a beaucoup de demandeurs d’asile qui sont déjà au Canada. Il va falloir faire quelque chose avec eux. Je sais qu’il y a beaucoup de discussions. Il y a des gens qui sont morts en rentrant au Canada à pied. Il faut que cela s’arrête. Il faut protéger les gens. On ne peut pas accepter en tant que société que des gens meurent en entrant ou en sortant du Canada », a expliqué le diplomate Canada qui a souligné qu’il faudra attendre et voir dans les détails ce que sera ce programme.
Source : Le Nouvelliste