Politique. Après le CIOM, Guy Losbar est prêt pour la suite

Le Comité interministériel pour les Outre-mer s’est réuni le 18 juillet 2023 sous la présidence de la Première ministre, Elisabeth Borne. 72 mesures (voir ci-desous) ont été soumises à la sagacité des ministres présents (17) et des élus des Outre-mer. Les élus réagissent. En Guadeloupe, Guy Losbar entend poursuivre les discussions avec le gouvernement.

Guy Losbar, après la réunion du CIOM :

Tout débute par une visite à Paris d’élus guadeloupéens qui souhaitent rencontrer le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu. Ces élus ont subi, pendant un mois, fin 2022, des pressions importantes, celles des émeutes qui ont balayé la région pointoise, le nord de la Basse-Terre, Petit-Bourg, Capesterre Belle-Eau, dans une moindre mesure Basse-Terre.

Les élus ont cru pouvoir se glisser entre l’Etat et les émeutiers au prétexte qu’ils connaissaient ces derniers, petits jeunes de quartiers défavorisés poussés par des adultes encagoulés qui disparaissaient à l’apparition des forces de l’ordre. Après le pillage de magasins (bijouteries, marchands de téléphonie mobile, de vêtements de sport, de chaussures de prix), l’incendie de maisons à Pointe-à-Pitre — les immeubles sont souvent familiaux, avec le magasin au rez-de-chaussée, les propriétaires à l’étage au-dessus, des locataires ou des parents dans les étages supérieurs — ces élus ont rencontré des « grands frères », anciens voyous repentis, pour tacher de comprendre ce qui se passait.

De ces discussions, de discussions entre élus, il en est ressorti, comme dirait Ary Chalus, le président de Région, « que les meilleurs experts de la Guadeloupe sont les Guadeloupéens eux-mêmes. »

Certains élus — ceux qui n’allaient pas aux réunions avec le préfet de Région Alexandre Rochatte au moment de la crise sanitaire de la Covid-19 — avaient dit à la population qu’eux aux manettes, il n’y aurait pas eu un seul mort durant la crise sanitaire « gérée de bout en bout par l’Etat sans les élus. » Après coup, on peut toujours refaire l’histoire…

Bref, des élus sont allés à Paris, ont rencontré le ministre et lui ont dit qu’ils souhaitaient « la domiciliation locale de certaines compétences de l’Etat. » le ministre a répondu « autonomie », les Corses se sont agités, demandant l’autonomie pour eux aussi… Puis les Guyanais, les Martiniquais… Enfin, surtout les élus à la tête des collectivités, Gabriel Serville en Guyane, Serge Letchimy en Martinique. La Guadeloupe à ce moment-là, se taisait et préférait réfléchir.

Néanmoins, Guy Losbar, Ary Chalus, pour la Guadeloupe, Gabriel Serville, pour la Guyane, Serge Letchimy (à l’origine de la démarche) pour la Martinique, Louis Mussington, pour Saint-Martin, Huguette Bello, pour la Réunion, Ben issa pour Mayotte signaient, le 16 mai 2022, l’Appel de Fort-de-France, « pour changer les rapports entre l’Etat et les régions d’outre-mer. »

L’Appel de Fort-de-France :

Plus tard, Emmanuel Macron, chef de l’Etat, donnait un dîner à l’Elysée et proposait un deal aux élus rassemblés sous les lambris dorés de la République : ils avaient six mois pour déposer sur le bureau de la Première ministre des préconisations, propositions pour fluidifier, rationaliser, les relations entre l’Etat et les collectivités. L’Etat répondrait.

C’est un travail de Titan que les élus ont mené, réunissant des Congrès… et concoctant des cahiers de revendications. Une fois expédiés ou donnés aux ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin et Jean-François Carenco, ces recueils de préconisations (un peu plus de 2 000 en tout) ont été étudiés.

Il en est ressorti 72 mesures qu’il faudra mettre en musique, la plupart du temps par des lois votés au Parlement ou des arbitrages budgétaires.

Les 72 mesures :

Pour ce qui est d’éventuels changements de statuts, les élus se sont donnés six mois, un an, pour en parler.

« C’est, comme l’a si bien dit le président du Conseil départemental, Guy Losbar, l’affaire des élus et des Guadeloupéens, pas l’affaire de l’Etat. »

Guy Losbar est-il satisfait du CIOM ? Couçi-couça. Certains élus n’en attendaient rien — Ary Chalus, par exemple, très sceptique. Le président de la Région Guadeloupe a toujours pris ses distances avec le Congrès des élus.

André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com

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