A l’approche du second tour des Législatives, les 18 et 19 juin, la Fondation Jean Jaurès analyse les ressorts de l’abstention qui a atteint un seuil historique.
Lors du premier tour de la présidentielle, les jeunes, âgés de moins de 35 ans, s’étaient moins déplacés que leurs aînés. Néanmoins, à partir de 35 ans, les citoyens s’étaient déplacés de manière relativement équivalente : le taux de participation de 35-49 ans dépassant même d’un point celui des 70 ans et plus. On constate une situation différente lors des Législatives : plus l’âge augmente, plus le niveau de participation est important. Ainsi, chez les plus de 70 ans, la déperdition d’électeurs entre la présidentielle et les législatives, n’est que de 8 points, quand elle est de 27 points chez les 18-24 ans.
Des disparités sociales plus marquées
Certaines disparités sociales s’observaient déjà au moment de l’élection présidentielle. Le taux de participation des ouvriers était ainsi 7 points plus faible que celui des cadres. Mais, force est de constater que ces inégalités se sont accrues lors du premier tour des élections législatives. L’écart de participation entre les ouvriers est les cadres est de 9 points, mais plus encore, alors que l’écart de participation entre les cadres et les employés n’était que d’un point, il est désormais de l’ordre de 12 points. De même, alors que l’écart maximal de participation lors de la présidentielle était de 14 points, il est désormais de 32 points.
Qui bénéficie de l’abstention ?
La démobilisation électorale avait touché deux publics en particulier : les jeunes et les catégories populaires. Sans surprise, ce sont donc les candidats dont l’électorat est le plus dépendant de ces catégories qui en ont le plus pâti : la gauche et le Rassemblement national. Ainsi, seulement 50 % des électeurs ayant voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle et 52 % ayant voté Yannick Jadot se sont déplacés lors de ces Législatives.
De même, seuls 48% des électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle se sont rendus à nouveau dans l’isoloir pour le premier tour des Législatives. Cette situation est moins délicate pour le parti présidentiel et pour Les Républicains, dont l’électorat est à la fois plus âgé et plus aisé.
Si la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) et la majorité présidentielle ont obtenu des scores équivalents en nombre de voix (25,7%), l’importance du score de l’Union de la gauche ne doit pas être sous-estimée : c’est bien malgré une abstention différentielle qui lui était largement défavorable qu’elle a réussi néanmoins à faire jeu égal avec la majorité présidentielle.