PAR ERROL NUISSIER *
Nous pouvons comprendre l’attraction plus importante de la population pour les médias parlés et notamment la radio plutôt que les médias écrits ou télévisés, dans la mesure où nous sommes issus d’une culture orale et par conséquent la transmission se fait plus facilement par le verbe que par l’écrit.
La notion de l’oralité est d’abord parce que la population a encore du mal à maîtriser les règles complexes de la langue française.
La culture orale parce que le poste de radio demeure le seul outil qui nous donne constamment les informations y compris pendant les périodes de cyclone et d’autres catastrophes naturelles. Lorsque tous les autres médias font défaut, la radio fonctionne encore. Elle réduit l’isolement angoisse de chacun, crée du lien et favorise la solidarité en période de crise.
Mais, la culture orale, crée aussi une situation de fascination, de séduction, de quasi soumission, comme lorsque le conteur des veillées, des soirées s’exprimait sur l’origine du monde et des relations interpersonnelles, et que la vérité sortait de sa bouche.
Mais, c’est aussi vrai dans la mesure où pour nous, on va écouter les informations plutôt que les regarder ou les lire. Par conséquent, s’informer c’est prendre une information, prendre une parole que l’autre vient porter à notre oreille, et qui nous fait réagir comme si l’interlocuteur était en face de nous.
Mais, il s’agit d’une relation de quasi connivence car celle ou celui qui transmet l’information orale, le fait aussi dans le même état d’esprit, comme si nous spectateur, allions réagir immédiatement et nous prêter à un échange virtuel.
L’information orale, en plus de créer un lien et une invitation à l’échange, stimule davantage notre vie imaginaire, car la tonalité de la phrase, la formule utilisée, le débit et ses variations, entraînent une sorte de relation quasi aimantée, que ne permettent pas la télévision ni l’écrit.
Dans cette relation aimantée, nous pouvons nous mettre dans la position de celle ou de celui qui informe, qui raconte. La personne qui informe devient un proche, une sorte de double de nous-même.
*Psychologue clinicien
Auteur de Psychologie des Sociétés Créoles, Les Violences dans les Sociétés Créoles,
Psychologie des Comportements Sexuels aux Antilles et le Cyclisme Miroir et Espoir des
Sociétés aux Antilles et en Guyane