Les élus de la Région sont revenus en forme dans l’hémicycle pour débattre de sujets cruciaux.
Ary Chalus, sur la plénière :
Matinée de plénière à la Région Guadeloupe. Le président Chalus rappelle le passage de l’ouragan Tammy après la tempête tropicale Philippe, après de nombreux autres événements climatiques, avec pour corollaires montée des eaux, inondations, rupture de l’alimentation en électricité. Et le rôle de la Région toujours aux avant-postes.
La prochaine commission permanente se tiendra d’ailleurs à la Désirade bien éprouvée, annonce Ary Chalus qui félicite, outre Loïc Tonton, maire de la Désirade, l’ensemble des maires dont le travail de prévention et d’action a été efficace.
Ary Chalus met en évidence les 27 millions de travaux enclenchés sur les voiries bien dévastées par les passages de Fiona, Philippe, Tammy.
Sur les 1 000 kilomètres de voirie il y a plus de 500 ponts, dont 320 sur les nationales soumis à l’âge et aux intempéries.
Il rappelle les conséquences du changement climatique dont ces tempêtes et ouragans ne sont qu’un aperçu sur la vie des concitoyens et sur l’économie locale.
Dans son discours, le président de Région rappelle que 40% du mix énergétique est composé d’énergie issue du développement durable… L’objectif est de 100% d’ici 2033 — les énergies locales (photovoltaïque, éolien, géothermie représenteraient 60% du mix énergétique. Il préconise l’électrification massive des mobilités. En effet, les consommations de carburants représentent à elles seules 68% de la consommation finale en énergie. L’objectif est d’avoir 20 000 véhicules propres d’ici 2030. Pour cela, il faudra mailler le territoire d’infrastructures de recharge
Ary Chalus rend compte en quelques mots de sa rencontre avec Emmanuel Macron, président de la République, avant de reprendre un récent rapport de l’INSEE qui indique que l’économie de la Guadeloupe se porte bien, « ce qui est la marque d’un bon travail de la Région dont c’est la compétence. »
« L’avenir de la Guadeloupe, c’est l’affaire de tous. » Il invite au grand colloque sur le thème statut et évolution institutionnelle de la Guadeloupe qui se tiendra à l’université le 4 novembre.
Quand on évoque le FEDER, soulignant que c’est 103% de programmation dont 77% certifié, Ary Chalus lance : « On sait dépenser en Guadeloupe, mais quand il s’agit de justifier, c’est une autre affaire. Et quand ceux qui ont eu les fonds ne justifient pas, c’est la Région qui doit rembourser. »
« Nous avons mis sur les écoles, l’eau, les ouvrages (14 ponts en chantiers) : nous sommes parmi les régions qui gèrent mieux les fonds européens. »
Et de souligner : « Nous nous substituons aux autres collectivités pour faire avancer la Guadeloupe. Ainsi, quand l’Etat donne 50 millions pour les écoles il en faudrait 500 ! Mais, nous faisons notre travail, même si les écoles ce n’est pas notre compétence. Et c’est la même chose pour d’autres secteurs. On est fiers de ce que nous faisons et on continuera à le faire. »
Le premier vice-président, Jean-Marie Hubert, lit le rapport de la commission de synthèse qu’il préside. Il y a une décision modificative budgétaire pour laquelle la commission a donné un avis favorable, puis un autre concernant deux conventions avec l’AFD pour le préfinancement de certaines opérations à hauteur de 75 millions d’euros, pour finir l’année budgétaire.
Le président dit son étonnement qu’on mette sur le dos de la Région les turpitudes du lycée agricole (il est resté un mois en grève, les étudiants se plaignant d’un flagrant manque de moyens).
« Le lycée agricole est un établissement géré par le ministère de l’Agriculture. Nous avons mis des fonds dans cet établissement scolaire. Nous en mettons encore. On ne peut rien nous reprocher. »
Ary Chalus, sur la situation au lycée agricole :
Ary Chalus signale que la Région va participer, avec l’Etat, à la reprise d’enrochement au droit de l’entreprise Cafés Chaulet, à Vieux-Habitants, cet enrochement ayant été emporté par les effets de l’ouragan Tammy après avoir été fragilisé lors du passage de la tempête Fiona il y a un an, de la tempête Philippe il y a un mois. Jusqu’à présent le gérant, Philippe Chaulet, avait été laissé à ses soucis d’enrochement…
Les fonds européens pour la REACTE-U c’est 179 M€, « dont 136 M€ pour des ouvrages à la place des communes. »
Bernard Guillaume, président du groupe Péyi Gwadloup, se voit accorder la parole pour commenter. Il met en avant qu’il faut mettre en œuvre une « politique de réaménagement du territoire », après avoir rappelé les événements climatiques de plus en plus fréquents.
Il se livre à un constat : l’Etat se désengage de plus en plus et ce sont les collectivités qui doivent prendre en charge les politiques de prévention. Et de citer le curage de la rivière aux Herbes, en plein centre-ville de Basse-Terre, pris en charge par la ville à l’approche de l’ouragan Tammy. « Sans ce curage qui a coûté cher à notre commune, il n’y aurait plus de pont à cet endroit et la RN1 serait coupée pour longtemps. »
Bernard Guillaume, opposant (Péyi Gwadloup) :
Il s’étonne ensuite de quatre décisions modificatives à incidence financière sans que l’assemblée ait à en débattre… Des décisions modificatives qui, selon lui, « arrivent trop tard. »
Le Directeur général des services (DGS), Jean-Louis Boucard, réplique que certaines opérations sont remises en cause pour des raisons diverses, dûment motivées, d’où les décisions modificatives. « Il s’agit de réajustement, qui se font régulièrement, à chaque exercice budgétaire. »
Marie-Luce Penchard souhaite apporter quelques précisions dans le cadre de la décision modificative : « Nous avons fait un nettoyage de ces autorisations de programmes. Des opérations sont aussi décalées mais pas abandonnées. Nous aurons à discuter sur les priorités à fixer. Il s’agit d’une décision technique et non d’une décision politique. »
Bernard Guillaume s’étonne d’une enveloppe de 6 millions d’euros pour des logiciels contre les cyber-attaques. Le montant lui semble gonflé.
Le DGS explique qu’il y a eu une remise à niveau complète après la dernière cyber attaque, qu’il n’y a plus de serveurs à la Région, que ceux-ci sont dans le cloud… qu’il y a une assistance technique. Que la Région devrait être up-gradée… que les fonds européens ont pris en charge cette dépense globale. Comprendre que ça ne coûte rien à la Région.
Le ton monte et Ary Chalus rappelle qu’après Fiona, les dégâts à Rivière des Pères ont été pris en charge par la Région. « Or, que je sache, Rivière des Pères n’est pas à Baillif… Je me demande où serait la Guadeloupe, après tous ces événements climatiques, si la Région n’était pas intervenue… »
Les mises aux votes des recettes et dépenses sont votées et adoptées… A noter l’abstention systématique de l’opposition. Josette Borel-Lincertin, qui a quitté en claquant la porte le groupe Péyi Gwadloup, affirme qu’elle est « la minorité de la minorité » souligne qu’elle ne vote pas « contre. »
Le projet pluriannuel de l’énergie (PPE), pour la période 2024-2033 et le plan véhicule propre sont présentés par Sylvie Vanoukia, présidente de la Commission Energie, et Julien Laffont, directeur Energie-Eau.
Explications brillantes de ce technicien de grande qualité qui maîtrise parfaitement le sujet.
Il fait un point précis de l’existant, des perspectives.
« Il ne faut pas oublier les impacts sociaux toujours possibles de la transition énergétique. »
D’où l’obligation d’informer, de solliciter des remontées de réactions.
Julien Laffont, directeur Energie-Eau :
Le projet de schéma de développement du véhicule propre est présenté par Ludovic Osmar, chef de service Energie. Un autre technicien de haut niveau passionné par sa mission.
Il faudra 1 022 bornes de recharges collectives (publiques ou privées). 237 sites ont été identifiés où il y a du passage pour établir ces bornes.
Magalie Marcin, pour le groupe Péyi Gwadloup, si elle est d’accord avec les soucis de la majorité de transition énergétique, conteste les choix qui sont faits et affirme que le PPE « manque d’ambitions. »
L’élue insiste sur la formation à mettre en œuvre immédiatement et s’étonne encore qu’on ouvre des filières mécaniques portant sur les moteurs thermiques.
Jean Bardail, vice-président, « félicite » la commission Energie et demande au président de « ne pas répondre à la minorité. »
Ary Chalus rappelle que c’est le débat démocratique… que ce sont des professionnels qui proposent cette transition énergétique et les moyens de la mettre en œuvre. « Nous sommes sur le bon chemin. »
Sur l’octroi de mer, c’est Jean-Louis Francisque qui présente le rapport. Rapport technique qui indique que cette taxe « rapporte » moins, ce qui est le signe d’une baisse de la consommation. Mais surtout des nombreuses exonérations dont bénéficient des entreprises guadeloupéennes. 33% de cette taxe est pour la collectivité régionale, 28% pour les communes… En fait, selon l’élu, « on peut estimer que 75% de l’octroi de mer serait consacrés à la vie des communes. »
Voté à l’unanimité.
Eddy Châteaubon a représenté la Région Guadeloupe aux Etats généraux de la Jeunesse, dans l’Hexagone. Il fait un rapport circonstancié.
La plénière s’achève ainsi.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com