Samedi 29 mai, sous un soleil printanier, à l’appel des associations Choukaj Mas Paris, Miyo et Ka Fraternité, ils étaient plus de trois cents à débouler sur le macadam parisien, de la place de Ménilmontant à la porte de Pantin pour rendre un grand hommage à leurs ancêtres qui ont brisé leurs chaines en Guadeloupe en 1848 au son du tanbou Senjan, de Chacha et des chants patriotiques. Limyé pou yo.
Depuis vingt ans, le président de l’association, Samuel Féréol, donne rendez-vous à Paris à la communauté guadeloupéenne pour rendre un bruyant hommage au rythme du tambour et en blanc et noir aux ancêtres libérés de l’esclavage en 1848. Pour lui, cette année 2021 est très particulière. Car, en ce moment, se tient à la Grande Halle de la Villette l’exposition en hommage à Napoléon, lui qui a rétabli l’esclavage en Guadeloupe par les armes et par un arrêté consulaire du 16 juillet 1802 qui a été proclamé en mai 1803. Le président donne l’explication suivante : « Napoléon, dans les livres d’histoire, c’est un héros. Mais, dans la réalité pour nous Guadeloupéens ce n’est pas du tout un héros. Je dirai que vos héros sont nos bourreaux. »
Les jeunes frappeurs de cordes ouvraient le déboulé en frappant vigoureusement et bruyamment leurs cordes sur la chaussée, impressionnant les passants. Au cœur du déboulé, beaucoup des jeunes sont venus apporter l’espoir et la lumière pour les anciens. C’est aussi le cas de ces deux cousines, Judith et Jeannie, qui sont venues marcher pour être reconnus dans la France d’aujourd’hui : « Tout le monde fête leurs héros. Nous devons nous aussi fêter nos anciens. Limyé pou yo, sa inpotan. On défile pour eux. Respect pour nos ancêtres. Nous voulons plus de reconnaissance, être reconnus et que nos droits soient respectés dans ce pays »,. lancent-elles.
Alfred JOCKSAN