Outre-mer. Augmenter la surface agricole, mettre en avant les plats locaux renforceront l’autonomie alimentaire

Mardi 4 juillet 2023, la délégation aux Outre-mer l’Assemblée nationale a autorisé la publication du rapport d’information sur l’autonomie alimentaire des Outre-mer, présenté par M. Marc Le Fur (LR, Côtes-d’Armor) et Mme Estelle Youssouffa (LIOT, Mayotte), rapporteurs.

La souveraineté de la France sur les Outre-mer s’exerce d’abord au travers de la souveraineté alimentaire. Nourrir les populations ultramarines est la première mission que doit s’assigner notre pays ; les Nations Unies elles-mêmes considèrent la sécurité alimentaire des territoires comme une priorité.

Les désordres internationaux causés par l’épidémie de Covid-19 puis par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui ont fortement perturbé les chaînes d’approvisionnement, ont mis en évidence un risque nouveau pesant sur la sécurité alimentaire des outre-mer.

Par ailleurs, la recherche de la sécurité alimentaire, davantage que celle de l’autosuffisance, n’a pas que des vertus logistiques : il s’agit aussi de rapprocher les régimes alimentaires ultramarins des productions locales et de tenter de s’affranchir d’une consommation mondialisée ultra transformée et très riche en calories, rarement adaptée aux besoins et aux climats des territoires ultramarins, principalement tropicaux ou équatoriaux.

À l’automne 2022, la Délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale a décidé de confier une mission d’information sur ce sujet à deux de ses membres : un député de la France hexagonale (M. Marc Le Fur, Côte d’Armor, LR) et une députée ultramarine (Mme Estelle Youssouffa, Mayotte, LIOT).

Les deux rapporteurs ont mené 18 auditions à Paris et plusieurs dizaines dans les outre-mer, ce qui les a conduits à rencontrer plus d’une centaine de spécialistes, dont de nombreux exploitants agricoles.

Ils ont effectué deux déplacements en outre-mer qui les ont amenés sur quatre territoires différents : La Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Les territoires qui n’ont pas pu être visités ont fait l’objet, pour la plupart, d’auditions en visioconférence.

Au terme de leurs travaux, les rapporteurs dressent un état des lieux détaillé, territoire par territoire, de la dépendance des territoires ultramarins aux importations, et formulent 20 recommandations sur un sujet d’une importance hautement stratégique.

Les rapporteurs préconisent entre autres :

. d’augmenter la surface agricole utilisée dans tous les territoires ultramarins notamment en réduisant les friches, en limitant l’urbanisation des terres agricoles et en facilitant l’identification des propriétaires, s’agissant en particulier des terres coutumières ;

. de mettre en avant les plats locaux grâce à la restauration collective, notamment à l’école, afin d’orienter les habitudes alimentaires vers des produits locaux ;

. de consulter le plus en amont possible les représentants des agriculteurs ultramarins lorsque des traités internationaux portant sur les produits alimentaires sont négociés entre l’Union européenne et des pays tiers ;

. d’interdire l’accès au marché de l’Union européenne, ou au moins au marché français, aux produits agricoles cultivés en utilisant des produits phytosanitaires prohibés ;

. de créer au sein de l’ANSES une direction des Outre-mer capable de sensibiliser l’ensemble de l’agence sur les spécificités ultra-marines ;

. d’interdire l’accès au marché de l’Union européenne, ou au moins au marché français, aux poissons et fruits de mer pêchés de manière illégale dans les eaux des zones économiques exclusives (ZEE) ultramarines.

Les rapporteurs formulent également plusieurs recommandations spécifiques à Mayotte et à Wallis-et-Futuna. S’agissant de Mayotte, ils préconisent notamment de négocier les prix du fret aérien afin de suppléer le fret maritime, notamment pour les produits frais, et de développer les infrastructures aéroportuaires en réalisant les travaux d’extension et de modernisation du port de Longoni ainsi que l’aménagement d’une piste longue à l’aéroport de Mayotte. Afin de mieux protéger la ZEE de Wallis-et-Futuna, les rapporteurs recommandent d’y baser de manière permanente un navire de la marine nationale.

Le rapport dans son intégralité :

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