Ouragans. Il faut s’attendre au pire cette année !

Hier la chaine de télévision américaine, spécialisée en météo, The Weather Channel a publié la mise à jour de ses prévisions pour la saison cyclonique, et les chiffres sont à la hausse.

  • 21 tempêtes tropicales
  • 9 ouragans
  • 4 ouragans majeurs

« Jamais les prévisions n’ont atteint ce niveau ! Depuis que les scientifiques publient des prévisions saisonnières, c’est à dire en 1983, il n’a jamais été anticipé la formation de 21 tempêtes.
C’est la raison pour laquelle il ne faut pas attendre le dernier moment pour faire ses préparatifs. Nous ne pourrons pas toujours être prévenus 2 à 3 jours avant. Il faut anticiper ! Souvenons nous. La meilleure protection contre les cyclones, c’est notre préparation »,
réagit Bruno Benjamin, président de l’association Ouragans.com (ouragans.com).

L’Hebdo Antilles-Guyane a interviewé
Bruno Benjamin
dans son édition n° 33.


lhebdomadaireantillesguyane.com
pour retrouver l’intégralité

de l’édition et du dossier Ouragans

INTERVIEW

« Il faut se préparer ! »

Bruno Benjamin est passionné par la météo des ouragans. Il a créé le site spécialisé ouragans.com.

Une saison intense, nous dit-on. Pourtant nous avons souvent connu des saisons intenses très tranquilles ?

Oui la saison est prévue intense. C’est pour l’ensemble de l’Atlantique nord, pas pour la Guadeloupe. Il faut bien se rappeler que nous ne représentons qu’un tout petit point de 1970 km² environ dans l’immensité de l’Atlantique nord.

Il faut rappeler que 1989, l’année d’Hugo était une année très tranquille…

Il n’y a pas de règle, de lien de cause à effet, mais statistiquement, plus il y a de phénomènes prévus par an, plus on a une chance d’en avoir un.

Les ouragans qui nous impactent viennent-ils tous du Cap Vert ?

Non pas tous. Dans notre région de la Caraïbe, il est vrai que la majorité des phénomènes violents viennent du Cap Vert, mais nous sommes à la portée des cyclones barbadiens, assez capricieux et difficiles à prévoir (Marilyn en 1995, Maria en 2017). Nous sommes également menacés par les cyclones qui naissent dans la Mer des Antilles (Lenny en 1999). Et l’histoire a retenu le cyclone du 2 novembre 1888, qui a remonté toutes les îles en enfilade de Tobago à Barbuda.

Les Capverdiens sont dangereux parce que quand ils nous atteignent, ils sont souvent à pleine maturité, et très destructeurs.

En quoi Niño et Niña influent-ils sur ces ouragans ?

El Niño est un courant chaud dans l’océan Pacifique qui entraîne une forte instabilité dans l’atmosphère de l’Atlantique Nord. C’est ce qu’on appelle le cisaillement, et ce phénomène empêche la cyclogénèse (la naissance) ou la circulation (le fonctionnement) des cyclones. En d’autre termes, El Niño est défavorable aux cyclones dans l’Atlantique (même si il en entraîne plus ailleurs).

A l’opposé, La Niña, qui est un courant marin froid, limite le cisaillement dans l’Atlantique Nord et augmente le nombre d’ondes tropicales qui traversent l’Afrique. En d’autres termes, La Niña est favorable à l’activité cyclonique.

Depuis fin 2016, nous sommes dans un épisode La Niña, d’où un grand nombre de phénomènes (entre 18 et 30). Cette année, La Niña est prévue à 65%.

La terre s’est légèrement inclinée sur son axe. Ceci a-t-il une influence sur la trajectoire des ouragans ?

Il est bien trop tôt pour en tirer des conséquences. Il faut minimum 10 ans d’études pour avoir une conclusion dessus. Nous vivons peut-être en direct un changement climatique d’importance.

Les observateurs soutiennent que les saisons seront plus dures avec des ouragans violents et plus longs ? Pourquoi ? Est-ce lié au changement climatique ?

Les derniers rapports du GIEC, en effet, parlent de l’augmentation de la température de la mer. C’est pour l’instant le seul ingrédient favorable à l’apparition plus fréquente de cyclones. Le réchauffement climatique entraîne également plus de sécheresse et l’extension de la désertification du Sahel. Plus le Sahel est sec, plus il y a du sable du Sahara, moins il y a de cyclones.

Actuellement les scientifiques sont au stade des études. Observer ce qui se passe, noter, comparer, comprendre. Mais là encore il est trop tôt pour dire qu’il y aura plus de cyclones, plus longs, plus violents. Il n’y a pas encore assez de recul.

Ces ouragans seront-ils plus meurtriers ? On construit mieux dans la Caraïbe !

Si les cyclones deviennent plus puissants, plus fréquents et durent plus longtemps, oui la Caraïbe sera en danger. Statistiquement ils seraient plus meurtriers. Toutefois je vais nuancer avec 3 points.

Les cyclones les plus meurtriers chaque année ne sont pas les plus violents. Pour la plupart, les victimes sont causées par les cyclones types tempêtes tropicales ou ouragans de catégorie 1 ou 2. Pourquoi ? Ils ne sont pas pris au sérieux par la population et les décès proviennent de l’inattention et de l’imprudence des populations.

Les Antilles sont des îles et à part trois des Grandes Antilles, il n’est pas possible d’évacuer la population. Soit elle se calfeutre là où elle est …

Faut-il craindre plus de raz-de-marée et des hauteurs d’eau impactantes ?

L’homme a construit près de l’eau, et s’est mis en danger lui-même en cas de marée de tempête. Après le vent, c’est le danger le plus important en cas de cyclone. C’est une élévation du niveau de la mer qui peut durer plusieurs heures et entrer assez loin à l’intérieur des terres. C’est pour celà que les zones côtières sont évacuées à l’approche d’un cyclone. Les seuls à blâmer, ce sont les personnes qui s’installent dans ces zones à risque, en ignorant (volontairement ou pas) ce risque.

Comment se préserver des effets des ouragans ?

Premièrement, il faut se préparer. La préparation débute le 1er juin, avec la préparation (ou l’achat) d’un kit cyclone, la constitution de réserves alimentaires pour 72h par personne, le stockage d’eau à boire et d’eau pour l’usage quotidien.

Deuxièmement il faut rédiger un plan familial de préparation, où le rôle de chacun est défini avant et pendant le phénomène. Il permet d’identifier le(s) danger(s) au(x)quel(s) on est soumis. Il aide à savoir quelles sont les différentes étapes à préparer en fonction de chaque niveau d’alerte.

Troisièmement il faut suivre les consignes et conseils des autorités, même si on a l’impression que c’est peut-être trop. Il vaut mieux trop que pas assez.

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