Opinion. Une logique comptable et deshumanisée

PAR CHRISTIAN BAPTISTE*

Dans un contexte déjà marqué par des événements tragiques en Nouvelle-Calédonie et par les conséquences insupportables de la vie chère subie au quotidien par nos compatriotes ultramarins, notamment en Martinique et en Guadeloupe, je suis profondément choqué par les réductions brutales de crédits envisagées dans le projet de loi de finances pour 2025.

Les documents budgétaires récemment publiés révèlent que les mesures d’économies s’élèvent à 500 millions d’euros en autorisations d’engagement (AE) et 353 millions d’euros en crédits de paiement (CP) pour les deux programmes concernés. En revanche, la seule augmentation de crédits, à hauteur de 104 millions d’euros, est destinée au soutien des entreprises.

Les collectivités ultramarines sont particulièrement touchées avec une diminution alarmante de 414,6 millions d’euros en AE et 280 millions d’euros en CP, représentant près de 83 % des réductions anticipées. En pleine crise, cette chute des crédits est tout simplement inacceptable.

Il est irresponsable de réduire les financements destinés à protéger la vie des ultramarins, notamment en ce qui concerne le plan séismes Antilles (PSA). Diminuer le soutien à la Nouvelle-Calédonie, après une année 2024 déjà éprouvante, est tout aussi effarant. De plus, revenir sur les crédits destinés à l’accompagnement des patients atteints de cancer témoigne d’un manque flagrant d’humanité.

Les aides au logement, qui permettent aux plus modestes d’accéder à un habitat décent, devraient également souffrir d’une baisse de près de 11 % en AE et 5 % en CP. Les réductions des crédits pour le secteur sanitaire, social, culturel, ainsi que pour la jeunesse et les sports, qui seraient divisés par deux, sont inadmissibles.

La continuité territoriale, déjà fragile, est mise en péril par la diminution drastique des dotations à LADOM. De plus, la réduction des crédits pour l’aide au fret, alors que la situation économique exige des mesures de soutien, est incompréhensible.

Face à ce projet de budget déshumanisé, qui relève d’un abandon de la solidarité nationale envers l’Outre-mer en détresse, je m’oppose avec fermeté. Pour éviter de nouvelles tragédies dans nos territoires, qui seraient bien plus coûteuses pour nos finances publiques, il est impératif de remanier en profondeur ce projet de budget.

Je demande un retour à la stabilité et une reprise à l’identique pour le budget 2025 des crédits de la LFI 2024 pour l’Outre-mer, sans augmentation supplémentaire. C’est la décision la plus responsable à prendre dans ce contexte critique.

*Député de la seconde circonscription de la Guadeloupe | Membre de la Commission desFinances | Rapporteur Spécial sur les crédits de la mission Outre-mer.

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