PAR SERGE LETCHIMY
La réaction de Serge Letchimy aux propos de l’animateur Stéphane Plaza sur Instagram. Propos revus et corrigés depuis la bronca sur les réseaux sociaux antillais. Mais, le mal est fait.
« Je condamne fermement les déclarations de Stéphane Plaza, qui a exprimé son désir de débarquer en Martinique et en Guadeloupe, « tel un Christophe Colomb » pour y implanter ses agences immobilières.
Monsieur Plaza, nul ne peut jeter l’ancre dans un port sans honorer la mémoire de ses eaux.
L’évocation de ce nom constitue une insulte impardonnable à nos peuples, martiniquais et guadeloupéens.
La première règle pour s’implanter sur un territoire est de s’instruire à son sujet.
En vous comparant à Christophe Colomb, vous vous identifiez à un meurtrier et tortionnaire, responsable de massacres ayant activement participé au génocide européen des peuples autochtones, et ayant institué l’esclavage ainsi que le trafic sexuel de femmes et d’enfants dont certains âgés de seulement neuf ans.
Les peuples autochtones, tels que les Taïnos, ont été transpercés par des lances, dépecés par des épées, tranchés en deux, dévorés et déchirés par des chiens, brûlés vifs en grand nombre parce qu’ils ne rapportaient pas leur quota d’or, tout cela sous les ordres de Christophe Colomb, le modèle auquel vous vous comparez.
Il est estimé aujourd’hui que 90 à 95 % de la population originelle du continent américain a été exterminée par les colons européens, et que ce sont près de 70 millions de personnes qui ont été décimées par les guerres de conquête, le pillage, l’asservissement et les maladies introduites par les Européens.
Vos propos sont donc choquants et totalement inacceptables.
C’est en tolérant l’intolérable et en acceptant des compromis douteux que l’on finit par laisser la place à des attitudes et des propos nous considérant comme des sous-personnes.
Monsieur Plaza, je vous exhorte à changer de cap, car aucun navire ne devrait chercher à accoster sur des rivages dont il ne respecte pas l’histoire et les peuples.
Nos cœurs ne s’ouvrent pas aux conquérants venus imposer leur loi ; ils accueillent les amis désireux de partager notre chemin. Bon retour ! »
