PAR SERGE LETCHIMY*
Ce jeudi 29 février, l’Assemblée Nationale examinera en séance publique une proposition de loi du groupe Socialistes et apparentés, portée par les députés Elie Califer (Guadeloupe), Johnny Hajjar (Martinique) et Christian Baptiste (Guadeloupe), visant à reconnaître la responsabilité de l’Etat dans le scandale sanitaire de la chlordécone, à indemniser les victimes de cette pollution et à ériger cette cause comme priorité nationale de la recherche.
Molécule extrêmement toxique et persistante dans l’environnement, l’utilisation de la chlordécone a entraîné d’importantes conséquences pour les populations des deux îles, tant du point de vue sanitaire, que du point de vue économique. D’un côté les exploitants agricoles, maraîchers et marins-pêcheurs, directement impactés par la pollution des terres et des eaux. De l’autre, les consommateurs, à la recherche d’une alimentation saine mais confrontés au manque de transparence et de traçabilité des produits.
52 ans après la première autorisation d’utilisation accordées par l’Etat, après la mobilisation historique des populations et des élus de Martinique et de Guadeloupe, cette proposition de loi constitue l’opportunité de dépasser les tabous et de faire un pas de plus vers la mise en place d’une véritable politique de réparation des préjudices causés aux Martiniquais et aux Guadeloupéens.
Le travail des députés Califer, Hajjar et Baptiste s’inscrit dans la parfaite continuité et la traduction des conclusions du rapport de la Commission d’enquête sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat en Guadeloupe et en Martinique, que j’ai eu l’honneur de présider en 2019.
La responsabilité de l’Etat est première et incontournable. L’importance de cette problématique requiert par conséquent toute l’attention de la Nation et du Parlement. Toute réécriture et atténuation de cette proposition de loi serait une négation de l’histoire et une atteinte grave à la dignité et à l’honneur de nos peuples et nos pays respectifs eu égard à la souffrance durable et au drame sanitaire, écologique et économique provoqué par cet empoisonnement.
J’appelle par conséquent tous les députés à voter cette proposition de loi attendue par nos concitoyens et nos pays !
*Président du Conseil exécutif de la CTM (Martinique)