PAR VICTORIN LUREL*
A l’occasion du 65e anniversaire de la Constitution, le président de la République a esquissé des premières pistes pour réformer ce texte fondamental en évoquant sa volonté de voir les Outre-mer « mieux reconnus dans notre Constitution ».
Quelques jours après s’être montré prêt à « bâtir une autonomie à la Corse dans la République », je ne peux que saluer l’ouverture par le Président d’une perspective de révision constitutionnelle que j’appelle de mes vœux depuis de longues années.
Au-delà de l’arithmétique politique qu’il s’agira de construire afin de faire adopter ces modifications par le Congrès de Versailles, notre responsabilité de parlementaires et d’élus locaux commande d’être prêts à enfin dire ce que nous voulons pour le péyi.
Dans cette optique et dans la continuité des 37 propositions faites en 2018, des amendements constitutionnels déposés au Sénat et des engagements pris devant les différents Congrès des élus depuis 2019, j’en appelle à la constitution d’un véritable groupe de travail transpartisan à l’échelle de la Guadeloupe et prendrai des initiatives en ce sens.
En responsabilité au regard des fonctions électives que nous exerçons, nous devons dès à présent définir une méthode travail, fixer un calendrier et préciser les objectifs attendus d’une telle révision constitutionnelle.
Pour ma part, en résonnance avec les propositions faites par la Fédération socialiste, je proposerai une réécriture des articles 73 et 74 de la Constitution dans un double objectif :
. permettre à chaque territoire de disposer d’un statut selon le degré d’autonomie de son choix ;
. modifier les modalités d’évolution institutionnelle et statutaire, actuellement trop rigides.
Par exigence à l’égard de notre peuple pour lequel nous œuvrons, nous devrons conduire ce travail de manière transparente afin que les Guadeloupéen.ne.s soient éclairé.e.s sur notre projet commun et se prononce, le moment venu, en toute connaissance sur le contenu d’un projet de loi organique définissant très précisément à la fois les compétences revendiquées à l’échelon local et l’organisation institutionnelle retenue pour les exercer.
Parlementaire depuis plus de 20 ans, je considère que cette révision constitutionnelle est une occasion unique de nous rassembler autour d’un projet commun et d’ouvrir la voie à une reconnaissance concrète de nos spécificités et de nos intérêts propres au sein de la République.
J’invite, en ce sens, le Président de la République qui recevra l’ensemble des présidents des exécutifs des Outre-Mer le 20 octobre prochain à associer activement les parlementaires au processus de réflexion et d’échanges qui s’engage.
*Ancien ministre des Outre-mer, ancien président de Région, sénateur de la Guadeloupe