Economiste, professeure à Sciences-Po Paris, Julia Cagé prône un financement « plus juste » de l’audiovisuel public.
Alors qu’un mouvement de grève contre la suppression de la redevance audiovisuelle a été observé ce mardi 28 juin, la Fondation Jean-Jaurès a publié le nouveau rapport de Julia Cagé, économiste, professeure à Sciences-Po Paris, sur la réforme de la redevance de l’audiovisuel public. Dans ce rapport, Julia Cagé plaide pour un financement affecté, inspiré du financement de l’audiovisuel des pays nordiques.
Cette réforme de la redevance impacte directement France Télévisions, Radio France, Arte France, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
« La redevance aurait dû être réformée depuis longtemps. »
Julia Cagé plaide pour une réforme de la redevance audiovisuelle afin de garantir un service public de l’information de qualité et indépendant. La redevance sous sa forme actuelle – 138 euros par an par foyer possédant un téléviseur – est loin d’être parfaite et aurait sans doute dû être réformée depuis longtemps.
Selon Julia Cagé, nombreux sont ceux qui bénéficient aujourd’hui de l’information produite par l’audiovisuel public sans pour autant posséder un téléviseur : variés sont en effet les écrans sur lesquels les programmes sont consommés (sans même parler de la radio).
De plus, et surtout, il s’agit d’un impôt régressif et donc injuste puisque, en pourcentage du revenu, il pèse davantage sur les plus modestes que sur les plus favorisés. C’est d’ailleurs pourquoi elle a été réformée chez nombre de pays européens, élargie par exemple à l’ensemble des écrans en Allemagne et rendue progressive dans les pays scandinaves.
« Moins de dépendance de l’exécutif et une stabilité financière. »
Mais réformer la redevance, ce n’est pas la supprimer ; la réformer, c’est la remplacer par une contribution elle aussi directement affectée au financement de l’audiovisuel, mais plus juste et équitable. Une contribution affectée qui présente au moins deux avantages si on la compare avec la position défendue aujourd’hui par l’exécutif.
D’une part, celui de mieux préserver l’indépendance de l’audiovisuel public en le rendant moins dépendant du bon vouloir de l’exécutif en place et, d’autre part, celui de garantir une certaine stabilité à son financement.
L’expérience des pays d’Europe du Nord
En réformant le financement de la redevance audiovisuelle et en le rendant plus juste grâce à un financement affecté, d’autres pays européens ont rendu la redevance plus acceptable – et mieux acceptée.
Cette réforme représenterait un gain de pouvoir d’achat de 85 % des foyers fiscaux. À l’heure où les fake news prolifèrent et où l’inflation grignote les budgets, il est essentiel de donner de la visibilité dans les financements et de la justice dans la répartition, comme ont su le faire plusieurs pays nordiques au cours des dix dernières années.