Opinion. « Pour sortir de la crise, il faut de l’autonomie »

La question de l’autonomie de la Guadeloupe, mais aussi la situation sociale de la Guadeloupe et de la Martinique continuent de susciter des réactions. Président de Régions et Peuples Solidaires, Gustave Alirol expose son point de vue sur la « défiance grandissante des territoires ultramarins à l’égard de la l’État français ».

Gustave Alirol.


Avoir raison, mais être seul à le penser est insuffisant. Dans une démocratie, on n’impose pas une décision, aussi sensée qu’elle puisse paraître, sans le consentement de la population.

Or, les Antilles, ce n’est pas la Métropole. La défiance à l’égard de tout ce qui vient de Paris est largement justifiée par la domination de type colonial dont les méfaits – en particulier l’affaire du chlordécone – étaient de nature à pousser bien avant le gouvernement à la concertation et à l’adaptation de mesures face à la Covid.

Un problème qui perdure


Le déploiement spectaculaire de forces de l’ordre tels que le GIGN et le RAID ne sont pas des réponses acceptables face à un problème de fond qui perdure. La fermeté et la répression risquent d’aggraver la fracture entre les Outre-mer et la l’État français.

La violence est toujours condamnable, de quel camp qu’elle vienne. Elle doit cependant alerter sur la désespérance de personnes qui pensent ne plus rien avoir à perdre.

Vie chère, chômage, coupures d’eau…

La Guadeloupe et la Martinique souffrent d’un écart de développement manifeste. Les différences de prix avec la métropole y sont considérables. La mortalité infantile, le chômage et l’échec scolaire y sont beaucoup plus élevés qu’en Métropole. Les coupures d’eau y sont quotidiennes et l’assainissement y est médiocre.

Malgré la distance, la dépense économique vis-à-vis de la métropole reste forte (entre 50% et 60% des échanges commerciaux). Enfin, contrairement aux idées reçues, l’Indice de Développement Humain (IDH) des pays voisins des Caraïbes n’est pas franchement inférieur à celui de la Guadeloupe et de la Martinique. Ainsi que l’affirme le Conseil Social Economique et Environnemental dans un rapport de janvier 2020 « la promesse d’égalité n’est pas tenue ».

L’autonomie, c’est la non-dépendance !

L’autonomie, évoquée par le Ministre chargé des Outre-mer est la solution qui s’impose mais à condition d’offrir réellement à la Guadeloupe et à la Martinique la possibilité d’un développement endogène économique, social et culturel. Encore faut-il la vouloir réellement.
Nous l’appelons de vos vœux pour les territoires ultramarins qui la souhaitent, autant que pour les territoires métropolitains. La capacité à agir localement pour tenir compte des particularités de chaque région doit devenir la règle commune. Une réforme globale des institutions est plus que jamais nécessaire.
Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires

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