PAR MARIE-LUCE PENCHARD *
Ne tombons pas dans le piège que nous tendent certains pour continuer à décider à notre place. La déclaration du ministre des Outre-mer me laisse perplexe.
Quand les présidents de régions en France hexagonale demandent une nouvelle répartition des compétences entre l’Etat et les collectivités, en particulier avec les régions, on ne leur parle pas d’autonomie. On leur parle de partage de responsabilités.
Certain candidat à l’élection présidentielle parle même de « d’une nouvelle république des territoires. »
On ne leur dit pas : Vous voulez moins d’égalité.
Il faut arrêter ce chantage au largage, ce chantage à l’appartenance à la République Française. Il faut arrêter de faire peur. Il faut arrêter de nous dire que nous avons « La chance d’être Français. »
Et, parce que nous aurions cette chance nous devrions tout accepter ?
Nous n’aurions pas droit à la parole ?
Les Guadeloupéens ne sont pas majoritairement pour l’autonomie mais je suis convaincue qu’ils ont compris que la situation ne peut plus rester en l’état.
Il faut mettre sur la table le débat sur le rôle de l’Etat, un Etat plus fort et efficace, capable de faire respecter l’ordre, de garantir la sécurité des personnes et des biens, de maîtriser notre politique d’immigration, de donner les moyens à la justice de mieux fonctionner, de garantir le bon fonctionnement des services publics.
Mais aussi un Etat qui fasse confiance aux élus de la République pour mener à bien les politiques de proximité.
Le citoyen ne peut plus attendre des réponses qui viennent du sommet de l’Etat. Les réponses doivent pouvoir être adaptées à chaque territoire.
A vouloir s’occuper de tout l’Etat centralisateur est moins efficace.
Voilà le débat qui doit être le nôtre en toute objectivité.
En refusant ce débat par le fait que certains auraient intérêt à agiter le chiffon rouge du largage pour défendre leurs intérêts et ambitions personnels, on finira pour le coup à pousser les élus et plus tard les Guadeloupéens à rejoindre le clan des indépendantistes.
C’est peut-être ce que le pouvoir central souhaite pour se débarrasser de nous mais je ne resterai pas silencieuse car j’affirme haut et fort que je veux rester Française !
Mais, pour régler les problèmes, on ne peut pas continuer avec un pouvoir aussi centralisateur qui étouffe les initiatives locales alors que nous avons besoin d’un nouveau partenariat avec l’Etat basé sur le respect et la confiance pour faire avancer la Guadeloupe.
*Marie-Luce Penchard est ancien ministre des Outre-mer, vice-présidente de la Région Guadeloupe