Après la Guadeloupe, paralysée depuis le 15 novembre par une grève générale contre l’obligation vaccinale, à l’initiative des syndicats, en Martinique, ce lundi matin, défilé et barrages routiers étaient au programme des organisations syndicales. Une situation qui fait réagir le Palima (Parti pour la libération de la Martinique).
La large mobilisation entamée contre la loi du 5 août sur l’extension du pass sanitaire et l’obligation vaccinale n’a, à ce jour, abouti qu’à une caricature de médiation repoussant au 30 décembre la date limite du schéma vaccinal complet pour des milliers de professionnels menacés d’être privés de leurs salaires en cas de refus de se faire vacciner. Face à cette impasse, une grève générale regroupant les grandes centrales et une vingtaine de syndicats a été lancée ce lundi 22 novembre.
Le silence des élus
Comme en Guadeloupe, les principales institutions politiques de Martinique se singularisent par leur silence et leur immobilisme sur ce dossier. Il risque d’être trop tard demain.
Le Palima appelle solennellement le gouvernement français à ouvrir, immédiatement et au plus haut niveau, des négociations avec les forces sociales en Martinique afin d’apporter enfin les réponses politiques concrètes nécessaires au règlement de la crise actuelle.
Pour une dérogation à la loi du 5 août
Le Palima exige des institutions politiques locales, singulièrement de la CTM, qu’elles s’impliquent plus clairement et plus résolument dans la recherche de solutions pérennes aux difficultés rencontrées par les Martiniquais, sur la base des intérêts fondamentaux de notre pays.
A cet effet, nous demandons instamment que la plénière des 25 et 26 novembre, qui se tient en pleine grève générale, accorde un temps de parole à l’intersyndicale et consacre une partie de ses travaux à l’analyse de la crise et aux réponses politiques à y apporter. Il serait irresponsable que la principale institution politique de notre pays et ses élus se comportent comme si rien ne se passait dans le pays et qu’on pouvait, paisiblement, vaquer aux affaires courantes.
Une stratégie sanitaire adaptée à la Martinique
Le Palima exige, en urgence, dans la logique de sa Déclaration du 9 août, une décision de dérogation à la mise en œuvre de la loi du 5 août – dont l’expérience a bien montré qu’elle était inapplicable en Martinique, même en usant de la force publique – et, concomitamment, la définition d’une stratégie sanitaire adaptée à la Martinique.
Cette stratégie, co-construite, devra comporter :
- une co-gestion de la crise sanitaire entre l’Etat et les autorités martiniquaises, sur la base d’un consensus martiniquais intelligent et responsable prenant en considération l’ensemble des questions (santé, éducation, culture, sport, économie) concernant la vie de notre population
- une information publique scientifique et non partisane
- une politique de tests systématiques, dans le cadre de leur activité professionnelle, pour tous les corps de métiers, dans le public comme dans le privé, concernés par l’obligation vaccinale et menacés de perdre leur emploi, suivant des protocoles à définir avec les salariés
- la garantie de l’accès aux soins pour les patients, comprenant aussi les moyens suffisants pour les prises en charge en réanimation
- la remise du médecin traitant au centre du dispositif de prise en charge et de soins des malades, en lien avec les services sociaux des communes et de la CTM
- une démarche soutenue de renforcement des défenses immunitaires de la population, sur la base d’une information publique scientifique
- la mise à disposition du public de tous les traitements et vaccins disponibles, y compris des vaccins cubains
- le maintien de la gratuité des tests jusqu’à la fin de l’épidémie
- le respect des gestes barrières et le port du masque
- l’accompagnement psychologique collectif de la population et le suivi individuel des personnes en cas de besoin
- le contrôle des flux touristiques et l’établissement d’un test PCR pour toute personne arrivant en Martinique.
Au-delà de ces mesures immédiates, le Palima insiste sur la nécessité absolue d’un plan de lutte permettant de prévenir durablement les comorbidités qui ont gravement fragilisé notre population durant l’épidémie de Covid-19. La modernisation du système de santé en Martinique, l’amélioration permanente de l’accès aux soins, la révision de la gouvernance sanitaire, la refondation de notre système économique restent des préoccupations majeures.
Francis Carole pour le Palima