PAR VICTORIN LUREL
Moins de deux mois après le vote d’un Budget manifestement insincère, le Gouvernement a publié ce matin en catastrophe un décret annulant 10 milliards d’euros de crédits dévolus aux politiques publiques.
Sans même vouloir passer par une loi de finances rectificative et par une volonté évidente de contourner le Parlement, le Gouvernement s’entête dans sa stratégie d’appauvrissement de l’État en refusant de chercher l’argent où il se trouve et en préférant opérer des coupes sèches sur l’ensemble des politiques publiques.
Parmi les ministères les plus touchés, celui des Outre-mer subit ainsi une purge de 78,8 millions d’euros dont près de 95% porteront exclusivement sur le quotidien des Ultramarins (programme budgétaire n°123 finançant la politique du logement, la continuité territoriale, l’aménagement du territoire ou encore le soutien aux collectivités).
Une baisse pour ce programme de 5,9% en autorisations d’engagement et de plus de 8,1% en crédits de paiement par rapport à la loi de finances promulguée en décembre : c’est presque du jamais vu en cours d’exercice !
Pour les autres politiques publiques, le bilan est également cruel et à rebours de tous les engagements pris et des priorisations affichées par le Gouvernement au fil des crises :
- L’Ecologie et l’environnement perdent 2,1 milliards d’euros ;
- Le Logement et la cohésion des territoires perdent 737 millions d’euros dont 300 millions rien que sur les politiques d’accès au logement ;
- Les politiques en faveur de l’emploi perdent 1,1 milliard d’euros ;
- La Recherche et l’Enseignement supérieur perdent 904 millions d’euros ;
- L’Education nationale perd ainsi 691 millions d’euros ;
- L’Agriculture perd plus de 70 millions d’euros ;
- La Police et la Gendarmerie perdront 154 millions d’euros.
Alors que les annonces de bénéfices records pour les banques, les assurances et les pétroliers s’accumulent ces dernières semaines, le Gouvernement refuse encore de taxer les superprofits ou de revenir sur ses réformes fiscales en faveur des plus privilégiés.
Cette politique austéritaire de casse des services et des politiques publics fait le lit des prochaines crises et ne manquera pas d’alimenter légitimement des colères qui risquent d’ajouter à une terrible crise sociale, une profonde crise politique et démocratique.
*Sénateur (PS) de la Guadeloupe