Opinion. Le Gouvernement a fait le choix d’escamoter les débats

PAR ÉLIE CALIFER*

Les débats sur la réforme des retraites ont été clôturés ce soir sans que nous ayons pu examiner
l’ensemble des amendements que j’avais déposés. Arc-bouté dans ses certitudes, sourd aux
revendications et déconnecté du vécu de la population, le Gouvernement a fait le choix de poursuivre sa
politique de casse de notre modèle social.

Au-delà de la frustration de ne pas aboutir, je tiens à exprimer ma déception de constater que ni les
mobilisations de la rue, ni les arguments exposés dans l’hémicycle, ni les avertissements exprimés par
de nombreux experts n’aient pu convaincre ce Gouvernement de prolonger les débats ou de retirer cette
réforme fondamentalement injuste.

A la Macronie qui dénonce le nombre d’amendements déposés par l’opposition, je réponds avant tout
que c’est bien le choix du Gouvernement de limiter le temps d’examen d’une loi brutale qui s’apprête à
voler aux gens les deux plus belles années de retraite : c’est ce que j’appelle une « injustice expéditive » !

Chacun des amendements que j’ai déposés pour conserver l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans,
pour améliorer l’emploi des séniors, pour renforcer la prise en compte de la pénibilité du travail ou pour
adapter cette réforme aux réalités du marché du travail guadeloupéen était légitime.

Ces débats auront au moins permis de démasquer M. Macron : le peuple sait désormais que son seul et
unique objectif est de faire à tout prix des économies, il sait aussi que les 1200 euros de pensions pour
tous n’est qu’une tromperie, il sait que la prise en compte de la pénibilité n’est qu’enfumage et il sait
enfin que les situations spécifiques de nos territoires n’intéressent que trop peu le pouvoir.

Regrettant que nous n’ayons pu aborder spécifiquement les réalités vécues par les travailleurs
guadeloupéens, j’invite désormais le Sénat à reprendre mes amendements pour améliorer les pensions
de ceux qui ont des retraites de misère, pour reconnaître la pénibilité des travailleurs de la canne et de la
banane (notamment ceux exposés pendant des décennies au chlordécone) et pour permettre aux futurs
retraités guadeloupéens de vivre leur repos de manière digne.

Le parcours du texte ne s’achève pas ce soir. Croyez en ma mobilisation pour faire échec à ce funeste
projet.

*Député de la Guadeloupe

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