Le Génie Guadeloupéen permet le rachat et l’exploitation d’une compagnie aérienne mais pas l’entretien de ses infrastructures terrestres.
La réfection de la piste de l’aéroport Pôle Caraïbe ainsi que son balisage lumineux ont été confiés à une entreprise Bordelaise. Ce sont 30 millions d’euros qui passent sous le nez des Guadeloupéens. Pourtant les compétences locales existent. Elles sont dotées des matériels et engins sur place pour refaire le bitume de la chaussée et du personnel qualifié à domicile. Il en est de même pour l’éclairage. Les transporteurs de matériaux patentés font la grimace. C’est un manque à gagner considérable. Des mois de travail anéantis.
Cette décision, à contre-courant, survient au moment où l’Etat conforte par des aides conséquentes la reprise par des intérêts locaux d’une compagnie aérienne en difficulté et que les concepts de patriotisme, de jardin créole fleurissent.
La réalité semble bien différente. Force est de constater, que nous ne sommes pas prêts ici à joindre les actes à la parole et à jouer collectif. Cet exemple n’est pas isolé.
D’autres donneurs d’ordre de la place, parmi les grands comptes qui génèrent un volume d’activité important, ne référencent même pas les entreprises guadeloupéennes dans les secteurs du bâtiment et des services. L’agriculture, l’élevage, la pêche subissent le même sort.
Les produits locaux sont appréciés en temps de crise et ne sont pas soutenus par une demande récurrente.
Le patriotisme ne désigne pas seulement un comportement spécifique du consommateur, mais aussi des entreprises, des pouvoirs publics, des collectivités. Il consiste à considérer le bien ou le service produits localement.
Du coup, la colère gronde. La coupe est pleine. Les raisons sont multiples et de la même veine. L’IEDOM, dans son dernier rapport annuel sur les délais de paiement pratiqués par nos collectivités, évoquait un niveau deux fois supérieur au délai national.
« Cette situation préoccupante pénalise la trésorerie des entreprises, met en difficulté les plus fragiles d’entre-elles, fait peser des risques sur l’économie dans son ensemble », indiquait l’institut.
En effet, 40 % des entreprises subissent des retards de paiement, prennent du retard dans le règlement des charges, sont écartés des aides Covid et, pire encore, le seront bientôt des mesures à venir du plan de relance. La crise économique résultant de la crise sanitaire a déjà des conséquences sociales. L’explosion de la pauvreté en est une expression.
Philippe Kalil
Expert-comptable