Un chirurgien du Centre Hospitalier Universitaire de la Martinique (CHUM) a fait tenir cette lettre ouverte à l’Agence Régionale de Santé de la Martinique. Mais aussi à de nombreux médias. Nous avons supprimé quelques mentions afin de conserver l’anonymat du praticien.
Madame, Messieurs
Chirurgien………. , responsable de l’unité de…, je supporte comme tout le monde le fardeau du Covid.
Avec mes collaborateurs nous jouons aux chaises musicales, nous priorisons des patients les uns par rapport aux autres, nous sommes amenés à faire des choix dignes d’une pratique en temps de guerre, et je sais de quoi je parle.
Notre activité opératoire est réduite de 90%. Les listes d’attente s’allongent, nous ne savons plus quoi répondre aux patients…
Il ne faut pas attendre pour nos patients de secours de la métropole qui elle-même déprogramme à tour de bras.
Le peu de patients que nous opérons le sont dans des conditions extrêmement dégradées avec peu de personnel, sans Soins intensifs post opératoires dignes de ce nom. La dernière patiente…………. avec une lésion majeure instable……….. est partie directement de la salle de réveil pour une dialyse à Mangot Vulcin.
Jusqu’à quand la maltraitance institutionnelle va-t-elle durer ?
Jusqu’à quand va-t-on encore hypothéquer la santé de nos patients ?
On est très largement au-delà de la notion de perte de chance.
Jusqu’à quand va-t-on continuer à maltraiter les praticiens qui sont en première ligne, incapables de répondre à leurs patients, non maîtres de leur planning, de leur outil de travail ? Doit-on encore attente d’autre défections voire d’autre suicides ?
Faute d’une réponse claire de votre part, de la réouverture de vacations en nombre suffisant au bloc opératoire je me verrai dans l’obligation de quitter cet établissement car je ne veux plus, ne peux plus participer à cette boucherie.
Pour information je communique ce mail aux médias.
Dr X
Chirurgien des Hôpitaux