Par Emmanuel GORDIEN*
23 maiI 2001-23 mai2021. Cela fait maintenant 20 ans que la France a reconnu la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Le 23 mai, date nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, doit désormais devenir un jour férié.
Le 23 mai 2001, la loi numéro 2001-434, dite « Loi Taubira », parue à la page 817 du Journal Officiel numéro 119, stipulait dans son article 1 que « la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité́. »
C’est aussi un 23 mai, le 23 mai 1848, à la Martinique, que les esclaves des colonies françaises ont vécu leur premier jour de liberté officielle et définitive, après la promulgation du décret d’abolition à Paris le 27 avril 1848 et la révolte de Saint-Pierre le 22 mai.
C’est aussi un 23 mai, le 23 mai 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, qu’a eu lieu la grande marche silencieuse au cours de laquelle, plus de 40 000 personnes, principalement originaires d’Outre-mer, ont défilé à Paris des places de la République à la Nation pour « penser à leurs « Parents » qui avaient vécu le Martyre de la Traite et de l’esclavage colonial ».
Ce 23 mai 1998, une pétition dénonçant l’esclavage comme crime contre l’humanité a recueilli plus de 10 000 signatures. Cette marche silencieuse du 23 Mai 1998 a été à l’origine d’une nouvelle grammaire mémorielle qui fait aujourd’hui de la France le pays ayant le régime mémoriel le plus avancé dans le monde sur la question de la traite et de l’esclavage colonial.
Ce 23 mai 2021, la création d’un Mémorial en hommage aux victimes de l’esclavage sur lequel seront gravés les noms et les prénoms de tous les esclaves affranchis par le décret d’abolition de 1848, sera annoncée par le Président de la République, au jardin des Tuileries, à l’occasion de la Journée Nationale qui leur est dédiée.
Aussi, à l’occasion des 20 ans de la loi reconnaissant l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, nous demandons que le 23 mai, la date nationale en hommage aux victimes de ce crime (votée par le Parlement mais qui pourtant n’a été à ce jour honorée par aucun président de la République), soit déclarée fériée.
Ainsi, chaque année, la Nation tout entière pourra rendre aux victimes de l’esclavage l’hommage national qu’elles méritent.
* Président du CM98 (Comité Marche du 23 mai 1998)