Opinion. La responsabilité locale est certes nécessaire mais n’est pas la panacée

PAR JEAN-MARIE NOL*

Le modèle économique de la Guadeloupe et de la Martinique repose principalement sur la consommation et les services, ce qui le rend vulnérable à divers risques. Tout d’abord, une dépendance excessive à la consommation peut rendre l’économie sensible aux fluctuations des dépenses des ménages, notamment du fait de la crise inflationniste actuelle, ce qui peut être influencé par des facteurs externes tels que les crises économiques nationales et mondiales (COVID et Guerre).

De plus, une économie axée sur les services peut être affectée par des perturbations telles que les crises sanitaires, les catastrophes naturelles, le changement climatique ou les fluctuations du tourisme, ce qui peut avoir un impact significatif sur les revenus et l’emploi dans le secteur des services.

Les économies qui dépendent uniquement de la production ou de la consommation sont plus sensibles aux fluctuations économiques mondiales et au changement de paradigme dans la politique en matière de dépense publique. Par exemple, une baisse de la demande pour les produits manufacturés ou une réduction des dépenses de consommation peuvent avoir un impact significatif sur ces économies.

De même une dépendance excessive à un seul secteur économique peut rendre un pays vulnérable aux chocs économiques et aux crises sectorielles par un changement de la réglementation et notamment là je pense à la sur-rémunération des 40%. Une diversification préalable de l’économie à toute modification des institutions est indispensable en permettant le développement consécutivement de plusieurs secteurs (tourisme , agriculture, industrie, services, etc.) pour réduire cette vulnérabilité et promouvoir une croissance économique plus stable à l’aide de la création d’un nouveau modèle économique et social.

Une économie diversifiée offre généralement plus d’opportunités d’emploi à travers différents secteurs, ce qui peut contribuer à réduire le chômage et à améliorer les niveaux de vie.

Il faudrait donc diversifier l’économie en développant d’autres secteurs aux Antilles comme l’agriculture et l’industrie agroalimentaire , sans pour autant être prisonnier du secteur productif comme c’est le cas actuellement en Nouvelle Calédonie qui s’avère être un contre exemple pour les Antilles.

Le statut d’autonomie en Nouvelle-Calédonie rencontre des défis qui pourraient être insurmontables financièrement en raison de plusieurs facteurs, notamment la dépendance économique vis-à-vis de la production industrielle du nickel. La faillite actuelle des entreprises du nickel et la situation économique difficile de l’île sont principalement attribuables à la volatilité des prix du nickel sur le marché mondial.

Lorsque les prix du nickel sont bas, les entreprises locales peuvent rencontrer des difficultés financières, ce qui affecte l’ensemble de l’économie de l’île en raison de sa forte dépendance à cette industrie.

La France hexagonale continue toutefois à vouloir préserver une forte présence en Nouvelle Calédonie pour des raisons essentiellement d’ordre géopolitiques , car l’industrie minière y est structurellement déficitaire et même les Chinois qui lorgnent sur l’île ne vont pas s’y aventurer la fleur au fusil car ils s’approvisionnent déjà en Indonésie dont le coût de production est inférieur de moitié à celui du nickel de la nouvelle Calédonie.

De plus, la Nouvelle-Calédonie fait face à des défis structurels tels que la nécessité de diversifier son économie pour réduire sa dépendance au nickel, ainsi que des problèmes sociaux et politiques, notamment en ce qui concerne les relations entre les communautés autochtones kanaks et non autochtones caldoches.

Cette situation est aujourd’hui compliquée pour les indépendantistes kanaks qui comptaient entièrement sur l’industrie minière du Nickel pour finaliser le processus d’indépendance de l’île. Nul doute que le compromis même douloureux avec l’État français va s’avérer incontournable. 

En tenant compte de cette situation difficile d’une région d’outre-mer, l’on peut préjuger que l’autonomie n’est pas la panacée pour la Guadeloupe et la Martinique car bien que cela puisse offrir une plus grande responsabilité politique et économique, cela ne résout pas nécessairement tous les défis auxquels ces îles sont confrontées notamment les problématiques financières inhérentes à la diminution de la masse monétaire et de la baisse de la dépense publique.

Premièrement, l’autonomie peut être limitée par des contraintes financières et des ressources limitées des collectivités locales, ce qui peut rendre difficile la mise en œuvre de politiques efficaces pour stimuler l’économie et améliorer les conditions de vie des habitants.

Deuxièmement, l’autonomie ne garantit pas nécessairement une gestion efficace des affaires publiques. Des problèmes tels que la corruption, le clientélisme politique et les luttes de pouvoir intestines comme du temps du président du conseil exécutif Alfred Marie Jeanne et du président de l’Assemblée Claude Lise peuvent persister, ce qui compromet l’efficacité des politiques mises en œuvre.

Enfin, l’autonomie peut également accentuer les disparités socio-économiques entre les régions, car certaines régions peuvent bénéficier davantage des politiques publiques que d’autres, créant ainsi des tensions et des inégalités au sein des pays d’outre-mer (exemple de l’île de la réunion depuis le premier ministre Debré).

Dans l’ensemble, bien que l’autonomie puisse offrir des avantages en termes de prise de décision locale et de responsabilité, elle n’est pas nécessairement la solution miracle pour résoudre tous les problèmes auxquels la Guadeloupe et la Martinique sont confrontées.

D’autres mesures et réformes peuvent également être nécessaires pour relever efficacement les défis socio-économiques de nos îles, et c’est le cas du nouveau modèle économique et social qui reste à découvrir et à bâtir avec une mise en place dans la décennie dans la perspective de briser les structures intrinsèquement de nature néocoloniale de l’économie antillaise.

Dans cette optique une transition possible sur une période de 5 ans serait envisageable pour passer d’un modèle économique basé sur la consommation de masse à un modèle axé sur la production et pourrait impliquer l’encouragement de l’innovation et la création de nouvelles entreprises axées sur la production de biens et de services.

De plus il faudrait Investir dans la formation professionnelle pour développer les compétences nécessaires à la production , et mettre en place des incitations fiscales pour encourager les entreprises à investir dans la production plutôt que dans la consommation.

Pour ce faire, il convient de favoriser la recherche et le développement dans les secteurs de production pour accroître l’efficacité et la compétitivité et réorienter les politiques publiques pour soutenir les industries productives, par exemple en accordant des subventions ou en facilitant l’accès au financement.

En conclusion, un pays qui ne dépend pas uniquement de la production de cultures primaires comme la canne et la banane ou de la consommation de masse est mieux préparé à faire face aux défis économiques, technologiques, sociaux, climatiques et environnementaux et est plus susceptible de connaître une croissance économique stable et durable dans le futur.

« La pli bel an ba la  bay ! », ce qui se traduit littéralement en français par « La plus belle est sous le tonneau ». 

Moralité : Cela signifie que souvent , les plus belles choses sont cachées, il faut savoir les découvrir !

*Economiste

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