Opinion. La pintade sur le lambi

PAR LE DR GEORGES MICHEL

Le CCI a été nommé l’an dernier par le feu président Jovenel Moïse pour lui confectionner une constitution dictatoriale sur mesure, tout le monde le sait.

Dès le début de ses activités, ce Comité consultatif dit indépendant a bien compris son rôle et s’est attelé tout de suite à éliminer de nombreuses conquêtes de 1986, comme le visa d’entrée obligatoire pour les citoyens haïtiens.

Dans la version définitive de son travail remise récemment au Premier ministre Ariel Henry, le Comité a osé éliminer la plus emblématique d’entre elles, le drapeau bleu et rouge. Toute référence aux couleurs nationales, à la description du drapeau national, à nos armoiries, au palmiste et au Bonnet de la liberté, à la devise « L’Union fait la Force » a en effet entièrement disparu du texte.

Il ne s’agit pas d’un oubli mais d’une suppression délibérée de ces choses qui figuraient dans les deux versions précédentes de leur travail, celle de janvier et de mai (article 3), ainsi que dans toutes nos Constitutions depuis 1843.

Selon les dispositions du projet, n’importe quel gouvernement de la sorte, peut à sa guise nous imposer à n’importe quel moment par une simple mesure administrative le drapeau noir et rouge de la dictature Duvalier et la pintade sur le lambi comme armoiries. Décidément, les membres du CCI prennent tous les Haïtiens pour des imbéciles. Leur salut obligatoire au drapeau prévu dans leur article 4 est tout simplement risible. A quel drapeau?

En 1964, le dictateur François Duvalier nous avait enlevé le drapeau bleu et rouge et le Bonnet de la Liberté symbolisant les libertés publiques.

De ce fait, le drapeau bleu et rouge était devenu durant 22 ans (1964-1986) le symbole de la lutte contre la dictature, de la démocratie et de l’espoir de tout un peuple pendant cette longue tyrannie.

Ceux qui sont nés avant 1986 doivent savoir que le simple fait d’exhiber le drapeau bleu et rouge en Haïti durant la dictature équivalait à signer son arrêt de mort. Ce que le CCI a fait ici est une chose d’une extrême gravité qui ne doit pas passer inaperçue ni ne doit être minimisée. Il s’agit du reflet de sa vraie nature et de ses réelles intentions. Il a jeté le masque…

*Ancien Constituant de 1987

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