Opinion. La France n’est pas Cuba

PAR HERVÉ MARITON*

Il y a des difficultés de pouvoir d’achat Outre-mer. Aucune approche caricaturale ne permettra de les résoudre.

Au contraire, celle-ci conduit aux résultats inverses. Exemple : certains parlementaires proposent d’autoriser la vente à perte sur les produits de première nécessité pour aligner les prix sur la métropole. C’est une demande périlleuse, mais allons plus loin.

Les plus grandes entreprises pourraient, à la limite, absorber cet effort dans l’ensemble de leur chiffre d’affaires. Comment feraient les plus petites ?

Le pouvoir d’achat est l’effet des prix, des revenus, de la structure de consommation (composition du ménage). J’ai évoqué, la semaine dernière, combien la monoparentalité allait souvent avec une plus grande précarité. Un chômage lourd induit de plus grandes difficultés.

Et les prix, mais pas seulement les prix.

Viennent les débats du Parlement, la semaine dernière, consacrés uniquement à ce volet. Oui, les règles légales de présentation des comptes, de respect des conditions de concurrence doivent être respectées. Mais attention aux propositions absurdes, sur les prix, sur la concurrence.

Faut-il empêcher toute reprise d’entreprise défaillante au prix d’une aggravation du chômage ?

Je suis, par culture et par conviction, très attaché aux valeurs de la concurrence, de la compétition. Mais les contraintes physiques, démographiques des Outre-mer sont réelles, objectives.

Il est complètement démagogique de faire semblant de les ignorer.

Poursuivre un discours anti-entreprise sur des territoires où l’économie marchande occupe une place faible dans le produit intérieur brut, c’est aggraver la situation.

Oui, les entreprises méritent d’être encouragées plutôt que stigmatisées. Oui, les consommateurs ont intérêt à un meilleur pouvoir d’achat ; l’efficacité des entreprises, la création d’emplois doit y aider.

Oui, l’Etat est attendu, à la fois pour faire respecter les règles de l’économie, assurer l’ordre public nécessaire aux entreprises, aux salariés, aux consommateurs. Il est attendu à assurer en Martinique – et cela peut inspirer ailleurs – la mise en œuvre des accords de modération des prix signés en octobre, en particulier par la réduction des frais d’approche.

Je le dis à nouveau : en Outre-mer, oui à une prospérité partagée, non à une précarité administrée.

La France n’est pas Cuba.

Président de la Fédération des Entreprises d’Outre-mer (FEDOM)

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