PAR OLIVIER SERVA*
Il est parfois important de rappeler l’histoire pour mieux comprendre notre présent.
La France a joué un rôle central dans l’esclavage de masse et les crimes contre l’humanité perpétrés en Haïti durant la période coloniale (1697-1804). En effet, Napoléon Bonaparte a rétabli l’esclavage en 1802 et mené une guerre d’agression contre Haïti pour empêcher son indépendance.
En 1825, la France a imposé à Haïti une dette de 150 millions de francs-or, remboursée jusqu’en 1952.
Cela a fragilisé durablement le pays.
Les Etats-Unis ont également instauré une sorte de protectorat pour verrouiller l’économie haïtienne, mais en tant que député Français, nous nous concentrerons ici sur la responsabilité de la France.
Cette dette envers la France combinée à l’ingérence américaine a freiné le développement de Haïti de façon drastique, maintenant le pays dans des crises sécuritaires et alimentaires.
La France doit reconnaître sa responsabilité historique et morale dans les souffrances du peuple haïtien.
Comment faire ?
– S’engager à soutenir les initiatives des Haïtiens, des Français d’origine haïtienne et des Haïtiens vivant en France. Notamment celles de l’Institut d’Haïti à Paris, dont je suis membre du comité de pilotage, afin de promouvoir la paix et la sécurité en Haïti tout en respectant sa souveraineté.
- Le Président Macron doit s’excuser personnellement pour les propos insultants qu’il a récemment tenus envers le peuple haïtien, particulièrement dans un contexte où la France n’a de leçons à donner à quiconque en termes de stabilité politique.
- Mener des initiatives communes (mémorielles, culturelles, économiques, éducatives) pour renforcer les liens entre les deux pays.
- Appuyer les processus démocratiques haïtiens et soutenir leur réalisation.
- Élaborer des déclarations communes pour reconnaître l’héritage historique partagé et promouvoir une coopération égalitaire.
En tant que président du groupe d’amitié France-Caraïbe, je veux faire de l’indépendance de notre diplomatie régionale le fer de lance de mon action. Nous ne pouvons pas assurer des relations apaisées avec Haïti depuis Paris.
– Message de solidarité : La France et Haïti partagent un héritage révolutionnaire commun basé sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. La France doit agir pour que les paroles se traduisent en actions concrètes cela passe par l’intégration de notre histoire commune dans nos manuels scolaires.
– Il faut davantage de coopération régionale et, pour ce faire, nous devons permettre aux territoires francophones de participer à une stratégie régionale pour la paix et la sécurité de la population de la Caraïbe.
