Opinion. La formation professionnelle au pain sec et à l’eau

PAR OLIVIER NICOLAS*

Déjà en crise, le secteur de la formation est visé par les coupes budgétaires injustes du Gouvernement.

Contraint par le ralentissement de la croissance et par ses mauvais choix économiques, le Gouvernement a annoncé dimanche 10 milliards d’euros de coupes budgétaires qui, ose-t-il prétendre, « ne concerneront pas le pouvoir d’achat des Français ».

Les socialistes de Guadeloupe ne peuvent que dénoncer cette fable qui ne résiste pas à l’analyse des premières pistes d’économies étudiées par le Gouvernement révélées par la presse nationale mardi. En effet, ces économies affecteront non seulement le budget des ménages, mais elles viseront notamment le secteur de la formation professionnelle
pourtant déjà en crise profonde, en particulier en Guadeloupe.

Ainsi, le Gouvernement entend bien conditionner le recours au compte personnel de formation (CPF) à une participation du bénéficiaire qui atteindra voire dépassera 10% du coût de la formation. Même si les chômeurs ne devraient pas être concernés par cette mesure, ce reste à charge sera à l’évidence de nature à décourager nombre de salariés à exercer leur droit à la formation tout au long de la vie qui était pourtant devenu réalité en 2015, sous la présidence de François HOLLANDE.

En période de forte inflation et alors que le recul de l’âge de la retraite va imposer des reconversions à de nombreux séniors, ce sont encore une fois les travailleurs les plus précaires et les plus fragiles qui devront choisir entre se former et se nourrir, afin de permettre à l’Etat de faire 200 millions d’euros d’économies.

Parmi les pistes sérieusement étudiées par le Gouvernement :
‣ la réduction des dotations accordées aux centres de formation d’apprentis (CFA), là encore à hauteur de 200 millions d’euros qui manqueront dès cette année à ces établissements. Cette mesure viendra toucher de plein fouet les nombreux centres de formation d’apprentis de Guadeloupe dont certains sont déjà en difficulté ;
‣ la diminution à hauteur de 150 millions d’euros des crédits alloués au Plan d’investissement dans les compétences (PIC) lancés en 2018 pour épauler les demandeurs d’emplois faiblement qualifiés et les jeunes sans bagage scolaire, soit précisément des bénéficiaires que l’on trouve en très grand nombre en Guadeloupe et plus largement dans les Outre-mer.

Ces choix politiques illustrent une fois de plus l’orientation ultra-libérale de ce Gouvernement qui préfère fragiliser des politiques publiques essentielles pour l’emploi et pour la jeunesse, alors que d’autres recettes étaient évidemment possibles pour financer ces 10 milliards d’économies.

Lorsqu’on mesure qu’en 2023, la fortune des milliardaires français a augmenté de 38 milliards d’euros par an en moyenne sur 10 ans ; que les actionnaires des entreprises du CAC 40 ont perçu 97 milliards d’euros ; que la fortune des 43 milliardaires français atteint 549 milliards d’euros ; et que les 500 plus grosses fortunes françaises affichent un
patrimoine total de 1 170 milliards d’euros, on comprend que ce Gouvernement ne sera jamais du côté de la justice fiscale, ni de la justice sociale. Et qu’une autre politique est non seulement possible, mais nécessaire.

*Premier secrétaire de la Fédération du Parti socialiste de Guadeloupe,
Secrétaire national aux Outre-mer

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