Opinion. « J’en appelle à l’unité et à l’intelligence collective guadeloupéenne »

PAR ERIC JALTON*

Après une observation méthodique des comportements et des tensions qui marquent en Guadeloupe la période de crise sanitaire que nous traversons, et en dépit de la gravité exceptionnelle de la pandémie sur notre territoire, je considère que dans ce contexte anxiogène porteur de conflit et de tension sociale, il n’est pas utile que des mesures législatives relatives à la vaccination obligatoire et au pass sanitaire viennent diviser la Guadeloupe plus encore.

« Je demande à nos parlementaires de veiller, par des adaptations locales à la loi en discussion au Parlement de la République, à exclure toute mesure de sanction notamment financière et professionnelle à l’égard de ceux qui refusent l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. »

En l’espèce, s’agissant de la vaccination COVID 19 ARN Messager, le doute sinon l’opposition manifeste à l’évidence persiste auprès d’une frange importante de la population locale ; bien que l’on compte aujourd’hui plusieurs milliards de vaccinés en France et dans le monde entier. S’il est avéré que le vaccin protège contre les formes graves qui conduisent trop souvent à l’urgence hospitalière et/ou au décès (au point de submerger nos hôpitaux et engorger nos pompes funèbres), en  revanche le fait qu’il n’empêche pas très significativement d’être contaminé ou contaminant, alimente l’incompréhension et la réticence d’un très grand nombre de guadeloupéens, vis à vis du pass sanitaire qui apparait davantage comme une mesure coercitive discriminante, et injustifiée sanitairement de prime abord et de plus pénalisante pour beaucoup d’activités économiques.

Je demande donc, instamment à nos parlementaires de veiller, par des adaptations locales à la loi en discussion au Parlement de la République, à exclure toute mesure de sanction notamment financière et professionnelle à l’égard de ceux qui refusent l’obligation vaccinale et le pass sanitaire ; le pass sanitaire étant en outre perçu localement pour des raisons historiques et sociétales comme une mesure discriminatoire et attentatoire aux libertés. 

« Je recommande à tous les guadeloupéens qui s’interrogent sur le bien-fondé ou l’innocuité de la vaccination proposée par les pouvoirs publics sanitaires de consulter au plus vite leur médecin traitant ou de famille. »

Pour ma part, je recommande encore une fois à tous les guadeloupéens qui s’interrogent encore sur le bien-fondé ou l’innocuité de la vaccination proposée par les pouvoirs publics sanitaires de consulter au plus vite leur médecin traitant ou de famille, mieux à même que les élus, les syndicalistes, les administratifs ou les précepteurs sophistes des réseaux sociaux, de les conseiller, en fonction de leur cas clinique particulier, y compris sur les traitements préventifs ou précoces qui seraient disponibles et sécurisés. 

Il est par ailleurs, d’un point de vue démocratique absolument nécessaire de créer les conditions d’une expression libre et documentée sur la vaccination de telle sorte que pro et anti-vaccins puissent s’exprimer librement sans outrages, ni pression, ni menaces : C’est par l’information que nous pourrons convaincre les Guadeloupéens et vaincre ou sinon maitriser durablement le Covid 19 localement.

« L’enquête parlementaire réclamée prévue au Sénat viendra à point pour dégager les responsabilités sans doute partagées quant aux causes de la situation catastrophique que nous vivons. »

Cette loi de prorogation, en examen actuellement, doit être aussi l’occasion non seulement de proposer des adaptations aux mesures de sortie de crise, mais en outre d’interpeller la représentation nationale, sur les difficultés des structures hospitalières qui doivent disposer de moyens renforcés, matériel et humain pour faire face durablement à cette crise sanitaire qui fait de la Guadeloupe tristement le deuxième territoire au monde en termes de taux de décès, consécutif à la pandémie. 

L’enquête parlementaire réclamée prévue au Sénat viendra à point pour dégager les responsabilités sans doute partagées quant aux causes de la situation catastrophique que nous vivons encore malgré l’évolution plutôt favorable des indicateurs sanitaires consacrés.

En attendant, ne nous égarons pas ! C’est bien le virus COVID 19 notre ennemi commun.

J’en appelle donc à l’unité et à l’intelligence collective guadeloupéenne, pour faire front pratiquement face à l’urgence sanitaire tout en préparant certes des évolutions institutionnelles et législatives qui nous permettent dans un terme proche d’avoir localement davantage de prise sur les projets et stratégies sanitaires concernant notre Guadeloupe.

*Eric Jalton est maire des Abymes, en Guadeloupe, et président de Cap Excellence

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