Opinion. Il n’y aura pas de Camp de redressement militaire juvénile en outre-mer

PAR SERGE LETCHIMY*

En chaque jeune il y a toujours le scintillement de la flamme de l’espoir, qui ne peut être carcéral !

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a annoncé le souhait du Gouvernement de créer en Outre-mer les premiers camps de redressement militaire de jeunes délinquants.

La voie de la discipline carcérale juvénile ne peut être la solution aux maux de notre jeunesse.

C’est une mauvaise réponse à la précarité et la démonstration de l’absence de politique de progrès et d’émancipation des jeunes , qui serait un recul terrible pour les droits humains.

En chacun de nos jeunes, même les plus écartés de nos systèmes souvent obsolètes, demeure l’étincelle de l’espérance du dépassement individuel et de l’épanouissement personnel dont il faut savoir préserver l’incandescence.

La voie de la discipline carcérale juvénile est l’odieuse solution lorsque l’on ne croit plus en l’Homme, en la jeunesse et en son avenir.

Enfermer nos jeunes rejetés du système dans des camps militaires très loin de l’Hexagone c’est reprendre les idées les plus sombres d’une République qui ne voit nos peuples et nos pays que comme l’arrière-boutique de la gestion sociale, humaine et culturelle de l’Homme.

Les récents débats ont démontré que nos territoires si lointains d’un Hexagone mental demeurent encore trop souvent dans un certain imaginaire postcolonial perçus comme des lieux de relégation et de bannissement.

Une telle mesure ne peut et ne doit surtout pas venir conforter ces dires de plateaux télévisés, aux relents de racisme et de xénophobie.

Dans le même temps, nos peuples demandent l’initiative, le progrès, la responsabilité, la dignité.

Car là est la voie salvatrice : le renforcement des moyens de l’éducation, de la justice, de la lutte contre les trafics, de l’insertion, du travail, de la culture, une nouvelle politique de la famille, travailler à l’émancipation de notre jeunesse.

Je suis résolument contre ce type d’institutions qui rappelle les bagnes pour les adultes à une regrettable période de la République française. C’est un pas de trop dans l’inhumanité enfermée dans les incapacités sociales et culturelles du progrès.

Il n’y aura pas de bagne en Martinique. 

*Président de la Collectivité Territoriale de la Martinique (CTM)

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