PAR JOCELYN JALTON
Je voudrais rendre hommage à Kothy, au nom de mes deux filles, (Tika et Mimi) ainsi que Bibi et exprimer l’image que je garderai d’elle à travers son action et le sens, c’est-à-dire la cohérence entre le discours, la volonté et les actes, qu’elle a choisi de donner à sa vie active.
Ce sens n’était pas une donnée externe, mais un choix et une construction quotidienne, dans chaque dimension de sa vie (professionnelle, sociale, publique). Pour elle la vie était un mouvement perpétuel, qui obéissait à des lois spécifiques qui se résument pour l’essentiel à trois mots clefs : engagement, bienveillance et vérité :
– Engagement professionnel associatif public
– Bienveillance avec les autres
– Vérité ou cohérence entre le dire et le faire
Son principe : « si cela doit se faire, cela dépend de moi » car « sé grenn diri ka fè sak », autrement dit je dois faire ma part comme disait le petit colibri transportant des gouttelettes d’eau dans son bec pour combattre les feux qui embrasaient la forêt tandis que d’autres en spectateurs se moquaient.
Son vécu est riche d’enseignement à force de travail, de courage, de volonté et d’intelligence, elle réussit à devenir cadre de l’administration hospitalière.
Son attitude peut se décliner en trois règles de vie :
. La tête dans les étoiles, car c’est en précurseur qu’elle a su anticiper certains besoins en participant à nombreuses structures d’utilité sociale
. Les pieds sur terre, car elle est toujours restée naturelle, humble, proche de sa famille, de ses enfants de ses amis, sans jamais avoir la grosse tête, en dépit de toutes les responsabilités importantes qu’elle a assumées.
. Enfin les mains dans le cambouis, d’abord par déformation professionnelle au labo,
Ensuite par conviction, car elle était convaincue que l’exemple est le seul moyen d’entraîner les autres et n’hésitait jamais à payer de sa personne pour se mettre au service de tous.
C’était une femme riche, sachant toute la richesse d’une vie consacrée à contribuer au mieux-être de ses semblables, dans un souci de solidarité active.
Sa richesse n’est pas mesurable, si tant est qu’on puisse mesurer ou évaluer la reconnaissance, la considération, l’estime, la notoriété en retour aux actions menées, à tous les services qu’elle a pu rendre, au titre de son bénévolat dans les dizaines d’associations les plus diverses, puis dans la sphère publique, pour sa commune natale ou au plan départemental voire national.
Car elle savait bien d’où elle venait et n’avait pas oublié tous les sacrifices qu’elle s’est imposée pour aider ses propres frères et sœurs, réussir sa vie professionnelle, assumer les engagements de sa vie sociale et être une bonne mère de famille.
Dans ce parcours du combattant, je crois que le message principal que
Kothy veut nous laisser est le suivant :
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que les choses paraissent difficiles ».
C’est un mot de Sénèque, un philosophe de la Grèce Antique ! « J’ai osé même si je sais que ce sera difficile ».
Ce sont ses propres mots pour justifier son engagement pour son dernier combat avec Robert, Betsy, Rosan, Evelyne, Marie-Line, Caroline, Nowett, Eddy et moi-même,
Les colibris, tous engagés pour la Guadeloupe.
Kothy était assurément une battante, une femme émancipée qui ne se laissait pas dicter ses choix par quiconque, et agissait toujours en fonction de ses convictions profondes même si elle me questionnait parfois pour la forme.
Elle nous invite à agir dans tous les domaines, à faire preuve d’esprit d’initiative, d’imagination, de volonté, de courage, de solidarité et aussi, à travailler au bien-être de tous, pour construire une société plus harmonieuse, plus solidaire, qui consacre :
. la tolérance avec les autres
. la responsabilité individuelle et collective de chacun dans sa cité,
. la solidarité envers les plus fragiles
Son dernier message au « Colibri »
« Bonjour à tous et toutes
Je vais très bien et la vie continue. On ne peut pas vouloir le bonheur des gens qui ne pensent pas eux-mêmes à leur devenir mais surtout à d’autres considérations. Je n’ai ni déception ni amertume… j’attends tout simplement la suite d’une telle obéissance des grands électeurs. Pour ma part je vais m’occuper de moi et de mes enfants en priorité, je compte cependant mettre en place dans ma permanence actuelle d’un point d’accès aux droits et à la parentalité pour le nord Grande-Terre.
Betty : je te sollicite pour m’accompagner sur la meilleure structure juridique possible, compatible avec la CAF, la CGSS, le Tribunal de Basse-Terre. Evelyne et Betty on y travaillera dès que possible. Nous réaliserons ce que nous suggérions avec nous tous réunis. »
Elle disait que l’action publique doit conduire à écouter et informer le peuple, être attentif aux attentes et besoins exprimés, afin que chacun soit un citoyen véritablement éclaire et responsable, apte à consentir un libre choix et à s’engager pour des changements positifs dans tous les domaines relatifs à la vie de la Cité.
Dans nos sociétés modernes, en manque de références et conscients que nous devons établir des repères pour les plus jeunes générations, il nous revient d’honorer sa mémoire et laisser le souvenir aux générations suivantes, d’une personnalité soucieuse du bien public et de l’intérêt général.
« Servir sa cité, soutenir les familles, contribuer à l’émancipation des femmes ont constitué l’œuvre la plus noble de sa vie publique ».
Aujourd’hui, à la fin de sa vie et après, les autres diront sûrement d’elle : Elle a bien travaillé pour son pays !
Bon voyage mon petit Colibri.
Victoire Kothy Jasmin, ancienne sénatrice de la Guadeloupe, est décédée le 6 octobre 2023, à Paris. Elle sera inhumée ce soir, après un hommage solennel.
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