Opinion. Hommage à Jacques Delors, grand socialiste, infatigable défenseur de l’Europe sociale

PAR OLIVIER NICOLAS*

Les socialistes de Guadeloupe s’inclinent respectueusement devant la mémoire de l’ancien président de la Commission européenne (1985-1995) et ancien ministre de l’Economie et des finances (1981-1985) Jacques Delors, décédé mercredi à l’âge de 98 ans.

C’est un grand socialiste qui s’éteint, un homme qui se sera distingué tout au long de son parcours par une grande rigueur morale et intellectuelle. Sa vie durant, soucieux avant tout d’être la bonne personne à la bonne place, Jacques Delors n’aura jamais sacrifié l’ambition collective au profit de l’ambition personnelle, préférant renoncer à des fonctions ou à des mandats plutôt que trahir ses convictions et ses principes, comme ce fut le cas avant la présidentielle de 1995.

Décidément atypique, il laisse pourtant une oeuvre considérable : tant pour avoir incarné au côté de François Mitterrand une gauche responsable et soucieuse de s’inscrire enfin au pouvoir dans le temps long, que pour son rôle majeur dans la construction européenne.

C’est pour ses 10 années à la tête de la Commission européenne que Jacques Delors sera rentré de son vivant dans l’Histoire en étant l’homme-clé qui aura grandement contribué à nouer les compromis nécessaires pour faire de l’Union européenne un espace de libre circulation des biens et des personnes, doté d’une monnaie unique, avec des ambitions politiques, éducatives (ERASMUS), mais aussi sociales.

Lucide, il savait que cette Europe sociale reste encore largement à construire mais il en demeurait un infatigable défenseur, même retiré de la vie politique active. Sa mort, aujourd’hui, nous enjoint de continuer le combat pour l’Europe sociale face aux libéraux qui ne veulent voir en l’Union qu’une zone de libre-échange et contre l’extrême-droite qui prône invariablement le repli identitaire et une illusoire restauration des frontières.

Engagé, Jacques Delors l’était également en faveur des Outre-mer durant sa présidence de la Commission européenne. En 1987, dans un discours marquant, il déclarait : « Comment faire de la construction européenne un mode de développement solidaire générant des effets bénéfiques pour tous et prévenant la déstabilisation des régions les plus défavorisées ? Les DOM, dans leur juste revendication d’une plus grande solidarité, d’une plus grande cohésion économique et sociale, ne sont plus isolés, mais ils gardent une spécificité qui ne pourra jamais réduire leurs difficultés à celles des régions périphériques de la communauté ».

Ardant militant d’une « relation privilégiée » entre l’Union et les départements d’Outre-mer, il ouvrit ainsi la voie à la définition d’un cadre approprié pour les interventions communautaires dans nos territoires et à une adaptation des politiques communes. Et c’est sous sa présidence que fut reconnu pour la première fois le statut de région ultrapériphérique (RUP) dans une déclaration annexée au Traité de Maastricht adopté en 1992.

Pour tout cela, et bien d’autres choses encore, nous n’oublierons pas Jacques Delors et nous adressons à notre camarade Martine Aubry, sa fille, nos condoléances en lui exprimant toute notre affection.

*Premier secrétaire fédéral
Secrétaire national aux Outre-mer

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