Opinion. Haïti, plus rien n’étonne personne

PAR JEAN PHARÈS JÉRÔME*

Haïti poursuit lentement sa descente aux enfers. Les Haïtiens expérimentent des événements les uns les plus traumatisants que les autres. L’assassinat en série de policiers est devenu un fait divers. Depuis le début de l’année, plus d’une dizaine de policiers ont été tués, dont six à Liancourt à la fin du mois de janvier.

Le Premier ministre Ariel Henry avait demandé un rapport en urgence du haut commandement de la PNH sur les événements de Liancourt. Deux semaines après, on ignore si des suites ont été données à sa demande.

Depuis l’assassinat des policiers à Liancourt, la police dans les principales villes du département de l’Artibonite dépose les armes. Les bandits ont le champ libre pour tuer, kidnapper et violer comme bon leur semble. Une chance que les bandits saisissent sans se faire prier. Cela ne paraît pas être une préoccupation pour le gouvernement.

Peut-être qu’il travaille en silence pour convaincre les policiers à reprendre service. Dans un cas où dans un autre, il est un fait que la sécurité n’est pas une urgence dans le département ni ailleurs. L’arrêt de travail des policiers est considéré comme un événement comme les autres. Sekirite ka tann.

Parallèlement, l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti , le plus grand centre hospitalier du pays, est en grève depuis des mois. Les médecins résidents exigent de meilleures conditions de travail. Les autorités sanitaires ne semblent être pas au courant du dysfonctionnement de l’hôpital général.

Aucune initiative pour porter les médecins à reprendre le travail n’a été annoncée dans la presse. Une grève prolongée à l’hôpital général est gérée comme un fait divers. Sante ka tann.

Dans le département du Sud, l’Ed’H ne fournit pas d’électricité depuis tantôt six mois. L’information ne fait pas grand bruit. Tout un département plongé dans le noir est un fait divers dans ce pays où l’anormal devient la norme. Les citoyens semblent avoir compris qu’il s’agit d’une perte de temps de s’apitoyer sur leur sort.

Ils sont sans doute au courant de la récente note du bureau de l’Ed’H à Port-au-Prince annonçant que l’institution est dans l’impossibilité de desservir ses clients. Pourtant, il n’y a pas longtemps que le courant 24/24h était le projet phare des autorités haïtiennes.

Qu’en est-il des fonds qui y étaient investis? Où sont passés les experts qui portaient le projet? Kouran ka tann.​

Dans un pays où le kidnapping est le quotidien de la population, où les gangs dictent leurs lois, où la faim frappe la majorité de la population, rien n’étonne plus. Dans l’état actuel des choses, l’arrêt de travail des policiers dans l’Artibonite, la grève illimitée des médecins à l’hôpital général, le blackout général sur tout le pays ne sont pas les derniers événements que le pays aura à vivre.

Avec le gouvernement Henry qui n’a de compte à rendre qu’à la communauté internationale, le chaos haïtien vraisemblablent n’a pas de limite.

Publié dans le quotidien Le Nouvelliste

Lien : https://www.lenouvelliste.com/article/240689/haiti-plus-rien-netonne-personne

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