PAR FRANTZ DUVAL*
Le Sud d’Haïti a été frappé, samedi 14 août, par un terrible tremblement de terre. 7.2 sur l’échelle de Ritcher. Les experts ont déduit que ce séisme est plus puissant que celui de 2010.
Depuis samedi matin, on sort des blessés des décombres, on découvre des cadavres, on évalue les pertes matérielles, on essaie d’avoir des nouvelles de chaque point du territoire sinistré où vivent deux millions d’Haïtiens, sur trois départements géographiques.
Avec la stupeur des premiers instants qui s’éloigne, la solidarité de proximité, de voisinage se met en place. L’aide internationale prend forme. Le monde entier s’alarme. Haïti a reçu un nouveau coup de massue. Cela nous arrive si souvent.
Trois jours plus tard, les mises en place pour répondre à la catastrophe ne sont pas encore bien enclenchées que la dépression tropicale Grace s’abat sur le pays. Il n’y a rien d’autre à faire que d’espérer qu’il y aura plus de peur que de mal. Attendre et serrer les dents. Attendre, un genou à terre, pour se relever au plus vite, car les catastrophes se succèdent à une cadence infernale en Haïti.
Le pays, depuis 2008, enchaîne ouragan, séisme, élections contestées, gestion calamiteuse, désastres et gouvernance défaillante. Sans arrêt.
Les Haïtiens n’arrivent pas à convertir en opportunité les problèmes auxquels le pays est confronté ; la communauté internationale ne parvient pas à transformer en réalité ses vœux et ses projections.
Entre petites corruptions locales et grandes complicités internationales, les milliards ne font que passer en orbite autour des problèmes d’Haïti.
Les aides fournies et les budgets nationaux finissent sur des comptes en banque à l’étranger trop rapidement pour laisser des traces durables de changement, en Haïti.
C’est un fait depuis plus de dix ans qu’un aréopage d’experts, de politiciens, de faux amis et de vrais samaritains transforment tout en projets inachevés. Il est à craindre que le séisme du 14 août 2021 ne serve que de prétexte pour de nouveaux détournements par incompétences, gourmandises ou inadvertances.
Il est devenu tellement facile de détourner les allocations pour relever le pays que ce ne sont pas les catastrophes naturelles qui font le plus de dégâts en Haïti, mais plutôt les promesses non tenues et les rapines à grande échelle.
L’espoir, la confiance et la misère se font abuser par les gardiens du troupeau et par les amis des gardiens. La catastrophe est avant tout celle-là en Haïti depuis très longtemps, mais particulièrement depuis plus de dix ans.
*Frantz Duval est rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste