Opinion. Éloigner un homme de la terre pour laquelle il se bat de manière légitime est un acte déloyal et une manœuvre inacceptable

PAR SERGE LETCHIMY*

Je condamne la décision du gouvernement français de transférer dans l’Hexagone, sept militants indépendantistes kanaks, parmi lesquels Christian Tein, porte-parole de la CCAT.

Cela relève moins de la nécessité procédurière que de la pure provocation visant à réduire en délit ou en crime les droits inaliénables d’un peuple en son entier.

Dans des situations coloniales où les injustices sont millénaires, où le sang a coulé, où les morts sont déjà trop nombreux, le respect, la prudence, la concertation, l’humilité et l’empathie intelligente doivent présider aux décisions.

Ce recours à une répression militaire et à des déportations relève non seulement de l’esprit colonial le plus sommaire, mais surtout de la faute politique parfaitement indigente. Les Kanaks luttent depuis des décennies pour être maîtres de leur destin. Ils veulent exister en paix, en responsabilité et en dignité sur cette terre que la législation internationale a reconnue comme étant la leur.

Leur combat est un exemple valable pour tous : il mérite un respect inconditionnel. Il exige des décisions à la hauteur de ce qui constitue un moment historique de l’émancipation des peuples. Face à leurs revendications, les décisions françaises doivent aussi tenir compte de leurs traditions millénaires quant aux modalités de l’échange et de la concertation.

J’adresse une pensée émue à tous les morts, quels qu’ils soient, que l’on a eus à déplorer depuis le début de cette juste protestation. Il est impératif que les vies ne soient plus menacées, que la violence aveugle laisse place à des pratiques républicaines.

J’appelle le gouvernement à reconsidérer cette décision misérable, à respecter les droits du peuple kanak et à reprendre sans délai des discussions au plus haut niveau avec l’ensemble des parties prenantes.

L’urgence est de trouver à ce conflit une issue qui soit conforme au sens de l’Histoire.

J’adresse ma sympathie et mon soutien indéfectibles à ceux qui se retrouvent incarcérés comme jadis Toussaint Louverture, dans une prison glaciale. Que leur courage, leur détermination, leur légitimité soient reconnus, médités, soutenus et honorés !

*Président de la CTM

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