OPINION D’aucuns opineront qu’il ne s’agit que d’une question secondaire voire accessoire

Charly Sahaï est cadre supérieur de la fonction publique territoriale. Photo DR

D’aucuns opineront qu’il ne s’agit que d’une question secondaire voire accessoire.
Pourtant, la quasi-totalité du spectre politique guadeloupéen semble soucieux, voire déterminé à « domicilier le pouvoir en Guadeloupe », est partisan d’un « pouvoir local fort » ou encore d’un « pouvoir autonome »  voire même d’un « pouvoir guadeloupéen ».

« Revendiquer presque à hue et à dia la « recentralisation du RSA » apparaît pour le moins choquant… »

De fait, revendiquer presque à hue et à dia la « recentralisation du RSA », apparaît pour le moins choquant, anachronique et politiquement contradictoire. 
Si, dans le fond, la démarche semble pleinement justifiée, d’autant qu’elle est déjà réalité en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, employer le terme tabou, pourtant largement admis et abondamment repris, de « recentralisation du RSA » en guise de demande voire de revendencation n’est nullement satisfaisant. Il ne sied aucunement aux enjeux des temps à venir. 

A l’heure d’une départementalisation pourtant dépassée, en aucun cas il ne saurait être question de mettre en cause l’institution qui en est la quintessence. Loin s’en faut. Pôle de stabilité politique et administratif, le Conseil Départemental reste, à ce jour, l’institution guadeloupéenne du consensus des forces politiques guadeloupéennes qui y sont représentées.

Collectivité au « sang froid », agissant tout à la fois sur le quotidien des guadeloupéens que sur la stratégie globale de la Guadeloupe de demain, sa gestion, dans le contexte qui est le notre, est globalement reconnue comme correcte. Pour reprendre une formule qui a fait florès son « bilan est globalement positif ce qui n’empêche pas certaines critiques »

A cet effet, les possibles risques de fragmentation sont nombreux tant par les temps qui courent que par les domaines d’intervention qui sont les siens. D’ailleurs, certains diront que des progrès sont encore à réaliser. Cela est peut-être vrai. Mais, l’expérience nous enseigne que le mieux est souvent l’ennemi du bien.

« Afin que tout le monde s’accoutume et s’habitue avec la prononciation du terme « recentralisation » »

D’autres ne manqueront pas de rappeler ou d’invoquer le rapport d’observations de la Chambre Régionale des Comptes de fin 2017 – début 2018 sur précisément la bonne gestion et  l’impact des dépenses sociales.- le RSA en particulier – sur les finances de l’institution. A l’époque, d’un côté ce rapport n’avait pas manqué de constater et de mettre en exergue l’existence de marge de progrès relativement importantes dans la gestion du RSA pour préconiser de l’autre des mesures correctives d’optimisation jugées nécessaires pour la survie financière même de l’institution. 

Sujets importants, aux conséquences sociales potentiellement lourdes, politiquement impopulaires, la teneur de ce rapport pourrait ne pas plaider en faveur de la « recentralisation du RSA » sollicitée. 
Last but not least, sur cette demande de « recentralisation », dans le meilleur des cas, l’Etat- stratège, pourrait laisser « mijoter » la revendication un certain temps afin que tout le monde s’accoutume et s’habitue avec la prononciation du terme « recentralisation » prononcée par le spectre politique guadeloupéen celui-là même qui, en d’autres lieux, revendique à minima plus de « décentralisation ».

Querelle de mots, querelle d’idées dirait Jean-Paul Sartre. En pareille circonstance, ne convient-il pas mieux de parler de « prise en charge directe et intégrale du RSA-RSO par les services de l’Etat » ?

Charly Sahaï
15 novembre 2020

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