PAR CARLOS ALBERTO MONTANER*
Je ne suis pas surpris par ce qui s’est passé en Afghanistan. Quand j’avais 15 ans, j’ai vu une armée s’effondrer et une république complètement désarmée après la fuite de Batista.
L’histoire n’a pas commencé il y a 20 ans, le 11 septembre 2001, mais bien plus tôt. Mais à cette date, il y a eu une attaque contre les États-Unis que Washington ne pouvait pas laisser impuni.
Dès lors, George W. Bush a pris de bonnes et de mauvaises décisions. Les agences de renseignement n’ont pas tardé à trouver les cerveaux de l’attaque. C’était Al-Qaïda, dirigé par Oussama ben Laden, un millionnaire saoudien opérant depuis l’Afghanistan, une vieille connaissance de la CIA depuis qu’il s’est battu contre les Soviétiques.
Washington a exigé que les talibans, qui dirigeaient l’Afghanistan d’une main fanatique, livrent Ben Laden. Comme ils ne l’ont pas fait, ils ont formé une coalition avec certains pays de l’OTAN et détruit le gouvernement protecteur des terroristes. En Afghanistan, soit dit en passant, ils considéraient l’intervention occidentale avec sympathie.
Ce n’est pas le cas au Pakistan, où Ben Laden a fini par se cacher, ou en Arabie saoudite, où règne une regrettable ambivalence vis-à-vis des États-Unis. On ignore souvent que les talibans étudient dans les « madrasas » subventionnées par l’Arabie saoudite.
L’une des sages décisions a été d’impliquer l’OTAN dans l’opération de punition. Mais c’est devenu une erreur quand ils ont essayé de construire une démocratie en Afghanistan.
Les États-Unis doivent savoir que les libertés, la démocratie et la bonne gouvernance ne sont pas imposées de l’extérieur à coups de baïonnette. Depuis 1898, les États-Unis sont intervenus dans les Caraïbes et en Amérique centrale avec ces objectifs plus d’une douzaine de fois sans résultats positifs vérifiables.
(…)
Dix ans après l’attentat, Oussama ben Laden et quatre autres personnes ont été exécutés par un commando du SEAL. Les commandos sont arrivés à l’aube à bord de plusieurs hélicoptères à son domicile en territoire pakistanais, près de la frontière afghane, (à proximité d’une base de renseignement pakistanaise).
Après avoir vérifié qu’il s’agissait de Ben Laden, ils ont transféré le corps en Afghanistan, et de là à un porte-avions de la marine américaine qui l’a jeté à la mer. C’était le moment, comme l’avait annoncé le président Obama lors du sommet de Lisbonne (2011), de quitter l’Afghanistan de façon ordonnée, dans trois ans.
Tout serait hors d’Irak et d’Afghanistan en 2014. En 2011, les talibans ne contrôlaient pratiquement rien du territoire afghan.
Je ne suis pas surpris par ce qui s’est passé en Afghanistan. Quand j’avais 15 ans, j’ai vu une armée s’effondrer et une république complètement désarmée après la fuite de Batista.
Quarante mille hommes bien armés se rendirent à quelques centaines d’hommes armés répartis dans les différents centres montagneux de l’île Aucune province importante n’était tombée aux mains des rebelles.
Je connais les énormes différences entre l’Afghanistan et Cuba, mais il y a aussi certaines similitudes. La corruption généralisée en fait partie. La dépendance réelle et imaginaire vis-à-vis des États-Unis en est une autre.
Le diplomate américain William D. Pawley, homme d’affaires à Cuba, a rendu visite au président Fulgencio Batista en décembre 1958 pour lui dire qu’il avait totalement perdu la confiance de Dwight Eisenhower, le président américain.
Batista a répondu avec colère. Il avait organisé des élections (malhonnêtes, mais après tout, des élections), et le 24 février, quelques semaines plus tard, il céderait le pouvoir à Andrés Rivero Agüero. D’un autre côté, il savait que le haut commandement militaire, conscient du rejet de Batista par Washington, conspirait et il commença à préparer secrètement sa fuite. Il a choisi ses plus proches collaborateurs, y compris ses proches, et en a rempli trois avions. Il a profité de la nuit du 31 décembre pour s’enfuir en République dominicaine, où l’attendait le dictateur Trujillo.
Il n’y avait pas d’institutions ou de partis politiques capables de résister à l’assaut. Le pays s’effondre aux mains de Fidel Castro, un étrange « taliban » réfugié dans la Sierra Maestra.
*Carlos Alberto Montaner est un auteur et journaliste cubain en exil connu pour ses critiques de Fidel Castro et du gouvernement cubain.
Source : Cubanet
Lien : https://www.cubanet.org/opiniones/un-extrano-taliban/