OPINION Banane : les normes doivent être les mêmes pour tout le monde, sinon la concurrence n’est pas loyale

75 centimes le kilo de bananes. Soit 7 centimes environ la banane. Arrêtons nous une seconde sur ce que signifie ce prix.

Il a fallu payer celui qui a cultivé la banane, payer le personnel qui a acheminé la banane sur le centre d’empotage, payer le personnel qui a conditionné les régimes en cartons pour l’expédition, payer la société qui a acheminé la banane au port le plus proche, payer le docker au port départ, payer la société de transport maritime, payer le docker au port arrivée, payer le transporteur routier jusqu’à la mûrisserie en Europe, payer le mûrisseur car les bananes arrivent vertes en Europe, payer le transport jusqu’au distributeur, et que le distributeur (ici Leclerc) prenne sa marge comme c’est bien normal. Et enfin ajouter 5,5% de TVA. 
Le tout à 7 centimes par fruit. 

Inutile de dire que la part de ces 7 centimes qui revient au producteur de bananes d’Afrique ou d’Amérique latine doit être de l’ordre du microscopique. Et que pour gagner sa vie malgré tout, il a dû avoir recours à des modes de production bien éloignés de nos standards de droit du travail comme de protection de l’environnement.

Je n’ignore rien des profondes difficultés financières de nombre de nos compatriotes. Mais je les encourage, à tout prendre, à jeter leur dévolu sur d’autres fruits, produits à prix raisonnables en Europe. C’est le cas de la banane française de Guadeloupe et de Martinique par exemple. 

En achetant des bananes à ce prix là, nous encourageons une injustice qui nous conduit à être de plus en plus exigeants avec nos producteurs communautaires de fruits et légumes, tandis que nous fermons les yeux sur les conditions de production et de rémunération des fruits et légumes produits en dehors de l’Europe.

Problème : si nous estimons que les fruits et légumes produits dans de mauvaises conditions sociales et environnementales ne sont pas bons pour nous, consommateurs européens, pourquoi considère-t-on que ces conditions de production deviennent acceptables dès lors que ces mêmes fruits et légumes sont produits en dehors de l’Europe ?

La Commission européenne, qui conclut depuis 20 ans des accords de libre échange en dehors de tout mandat de négociation fixé par le Parlement ou les États européens, en porte l’entière responsabilité.

Il est urgent de reprendre le contrôle de ce système devenu fou avec un principe simple : ne pas accepter pour les autres, ce qu’on n’est pas prêt à autoriser pour les producteurs européens. Les normes doivent être les mêmes pour tout le monde, sinon la concurrence n’est pas loyale.

Benoit Lombrière

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