Opinion. 40% de vie chère : une Cour des comptes en dehors des réalités

PAR OLIVIER SERVA*

La Cour des comptes en s’attaquant aux 40% de vie chère des fonctionnaires démontre une fois de plus qu’elle est hors sol et complètement déconnectée de la réalité économique des territoires ultramarins.

Comment comprendre qu’en pleine période de crise économique, après deux ans d’inflation en Outre-mer, que les magistrats financiers viennent remettre en question les primes de vie chère des fonctionnaires exerçant en Outre-mer ?

Comment peut-on imaginer écrire cela, en sachant l’impact de cette prime dans les ressources des foyers des résidents des territoires transocéaniques français ? En Guadeloupe où plus d’un quart de la population est au chômage, contre 7% en hexagone, les fonctionnaires représentent 25% de la population active.

C’est selon la cour des comptes ce quart qui provoque la hausse des prix, et non les situations monopolistiques, les coûts structurels liés au fret et à l’importation massive de denrées alimentaires ou encore la faiblesse de notre production alimentaire locale.

Une aberration de ne pas se pencher sur les vraies raisons de la vie chère dans les Outre-mer.

En face de cela, on oublie de dire que l’immense majorité des fonctionnaires de Guadeloupe, en particulier dans les collectivités territoriales sont des agents de catégorie C, qui ont des rémunérations très faibles, dont certaines commencent même en dessous du SMIC car ils occupent des contrats à temps partiel depuis des décennies.

On oublie aussi de dire que ces 40% ne sont pas intégrés dans le calcul des pensions de retraites, ce qui provoque une baisse de revenu quasiment de moitié pour les fonctionnaires ultramarins.

Cette anomalie sur laquelle nous travaillons depuis tantôt, créé des situations dramatiques pour nos ainés partis à la retraite, après s’être sacrifiés pour le territoire.

On oublie également de dire que la fonction publique est en pleine crise, les faibles rémunérations en Hexagone compliquent le recrutement des fonctionnaires. Cette année il manquera 3 000 enseignants devant les élèves, faute de candidats.

En 2023, les prix continuent d’augmenter chez nous, malgré le décalage qui existait déjà, et l’Etat ne prévoit pour le moment aucun dispositif particulier, à part nous proposer d’appauvrir un quart des actifs guadeloupéens en leur supprimant un acquis social tout à fait légitime, ce qui va, on le comprend bien, ruisseler dans toute l’économie guadeloupéenne.

Le député que je suis s’insurge contre ce rapport et demande à ce que la cour des comptes remette les pieds sur terre et vienne interroger en face les guadeloupéens et ultramarins avant de poursuivre une analyse théorique parfaitement déconnectée de la réalité du territoire.

*député de la Guadeloupe

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