Dans le cadre de leur formation à l’INSA Lyon, 32 étudiants ingénieurs ont découvert le gwoka, ses rythmes, ses danses, son histoire et plus largement, la Guadeloupe, sur les pas du Dr Léna Blou, conceptrice de la Techni’ka.
Pour les étudiants ingénieurs de l’INSA Lyon, il y aura un « avant » et un « après ». Leur immersion en Guadeloupe à travers la culture gwoka a duré une semaine, du 19 au 24 avril. Une semaine riche en découvertes touristiques, gustatives, artistiques, en échanges avec des professionnels (l’architecte Emile Romney, le designer Jorge Rovélas), mais surtout en rencontres humaines avec des passeurs de tradition : Jacqueline Cachemire-Thôle et Yves Thôle, le groupe Kannida… Chaque séquence de leur programme étant un pas de plus vers une meilleure connaissance d’un territoire français d’Outre-mer dont ils ignoraient tout.
« Touchés par chacun des mots de Jacqueline Cachemire-Thôle. »
C’est là l’une des particularités de l’INSA Lyon : permettre aux futurs ingénieurs de mieux appréhender le monde grâce à la culture « qu’elle soit scientifique, artistique ou sportive », précise Delphine Savel, responsable de la filière Danse-études à l’INSA Lyon, qui a sensibilisé les lycéens de Faustin-Fleret de Morne-à-L’Eau aux filières proposées par l’INSA Lyon, dont la section Danse-études.
« Venir en Guadeloupe a été le meilleur moyen d’accéder à une danse qui raconte l’histoire de la Guadeloupe, mais aussi la philosophie de vie dans cette région de France que nous ne connaissions pas et qu’on retrouve dans la danse avec le bigidi, commente Maïlys, étudiante en 2e année. En Guadeloupe, on s’attache beaucoup au lien à l’autre, à l’écoute. On prend le temps d’apprécier les choses. Quand on a rencontré Jacqueline Cachemire-Thôle, nous étions tous en pleurs. Nous avons été extrêmement touchés par le moindre de ses mots : elle a une approche de la vie qui est très généreuse dans l’écoute, comme le Dr Léna Blou. Elles donnent parce que les gens sont prêts à recevoir. Cette philosophie se retrouve dans le gwoka. »
« Danse et musique reflètent un peuple. »
Au terme d’une semaine en Guadeloupe au rythme du gwoka, les étudiants sont conquis et repartiront changés par cette rencontre avec la culture Guadeloupe et cette « autre France » où « les réalités du quotidien ne sont pas les mêmes ».
« Je veux garder le gwoka, les rythmes, le son des tambours en moi. Pour la première fois, avec le gwoka, je réalise comment la danse, la musique et le patrimoine reflètent vraiment un peuple, son identité et tout ce qui peut transpirer de cette culture. C’est impressionnant, note Sara, étudiante en 2e année à l’INSA Lyon, formée en danse classique et modern jazz. Finalement, pour connaître une terre, il n’y a pas de meilleur moyen que de passer par la culture et par les gens qui la transmettent. C’est important que cette culture puisse être transmise, notamment grâce au travail du Dr Léna Blou pour que le gwoka soit perpétué et qu’on n’oublie pas l’histoire du peuple guadeloupéen. »
Dr Léna Blou en novembre, à Lyon
Une expérience enrichissante sur le plan humain et formatrice pour les étudiants. Avec leur association Art Scène, ils ont pris en charge l’organisation de leur séjour en Guadeloupe, de la présentation du projet aux institutions, entreprises, associations de leur région à la recherche de financements pour un voyage « à l’autre bout de la planète, relèvent-ils. Nous avons appris à nous battre pour un projet auquel on croit, à le vendre et à prendre des responsabilités. »
Après cette immersion des étudiants en Guadeloupe, Léna Blou est attendue à l’INSA Lyon, en novembre, pour « boucler la boucle ». Conférence et spectacle sont prévus.
Cécilia Larney
Un léwòz avec Kannida
« Ce voyage est juste inestimable, confie Lisa, étudiante en 4e du Département Génie mécanique et au Conservatoire de danse. Nous sommes vraiment entrés en contact avec la culture guadeloupéenne. En plus, au niveau Danse, c’est une nouvelle technique, une nouvelle manière d’appréhender le mouvement, d’utiliser d’autres parties du corps qu’on n’utilisait pas forcément, notamment les appuis, les jeux de déséquilibre, le bigidi… La soirée léwòz avec le groupe Kannida, était frappante. On a vu la liberté extraordinaire qu’il peut y avoir autour des pas de base que nous avions appris avec le Dr Léna Blou et comment une technique d’apprentissage traditionnelle est finalement très codifiée, très précise, comme n’importe quelle danse. Les danseurs sont transcendés. La technique est au service de l’artistique et permet au danseur de se libérer. »