Nature. Halte aux espèces invasives !

De plus en plus, les autorités signalent l’envahissement de plantes venues d’ailleurs. De même, des serpents sont retrouvés errant dans les chemins… Or, il n’y a pas de grands serpents en Guadeloupe. En mer, le poisson-lion venu des côtes de Floride a envahi tous les fonds. Les tourterelles turques, les moineaux, habitent en ville…

« Allo, les pompiers ? Il y a un serpent dans mon jardin ! » Cette phrase retentit comme un appel de détresse à la caserne de sapeurs-pompiers. Une équipe se déplace, avec un spécialiste des reptiles, civil auquel on fait appel régulièrement parce qu’il connaît bien ces animaux à sang-froid venus d’ailleurs.

Le serpent, sympathique mais…

Ces serpents, ce sont souvent des boas de petite taille (moins de 2 mètres de long) — il y a de plus en plus de serpents des blés, plus légers, moins encombrants. Ils ont été introduits par un amateur de NAC. Les nouveaux animaux de compagnie. L’animal a tendance à s’échapper de son terrarium ou encore, une fois devenu trop grand et moins « mignon », plus effrayant en fait, il a été jeté dans la nature. Il faut dire aussi que nourrir ces bestioles n’est pas très ragoutant : il s’agit de lui donner une souris vivante chaque semaine… Même si, devenu adulte, une proie toutes les deux semaines suffira à son bonheur.

Que fait-il ? Il dort toute la journée… il ne se dépense pas beaucoup pour chercher sa pitance que son propriétaire lui déposera toute tremblante de peur dans son espace de temps en temps. C’est l’animal de compagnie préféré de ceux qui ne veulent pas changer la litière du chat ou sortir le toutou faire son petit pipi.

Tourterelles turques, moineaux, etc.

Si le boa est un intrus, il ne se reproduit pas faute d’autres boas… Les espèces invasives sont essentiellement des oiseaux, d’autres reptiles, des amphibiens, quelques mammifères, dont les écureuils, et des poissons d’eau douce. Néanmoins la liste des espèces qu’il ne faut pas introduire sur le territoire sous quelque forme que ce soit… sauf naturalisés (empaillés), est impressionnante.

Rien que les oiseaux. Il y en a 14 qui ont été repérés dans la nature, espèces venues d’ailleurs, mais seulement deux envahissantes. Il s’agit de la tourterelle turque (Streptopelia decaocto, avec un collier noir autour du cou, introduite en 1976) et le moineau commun d’Europe (Passer domesticus). Mais, on a vu des aras, grands perroquets multicolores, place de la Victoire, dans les palmiers…

Les fourmis manioc, destructrices des cultures

Il y a aussi des fourmis manioc, arrivées dans les pots ou des chargements de bois, dévastatrices des cultures et des jardins floraux.

Et puis, l’iguane. Iguana delicatissima, iguane de Guadeloupe. L’espèce est menacée par la destruction de son habitat, la prédation des nids et des jeunes iguanes par les chats et les chiens errants, la compétition avec les autres herbivores et les risques d’hybridation avec l’iguane vert, Iguana iguana, venu d’ailleurs et de plus en plus présent.

Une flore intrusive

La flore n’est pas moins touchée. Des milliers de plantes constituent une invasion. Et même une intrusion, car des plantes croient et se multiplient, remplaçant les plantes locales.

Prenons, simplement le milieu aquatique d’eau douce en Guadeloupe. On dénombre 4 espèces aquatiques exotiques envahissantes : la Laitue d’eau (Pistia stratiotes), la Salvinie géante (Salvinia molesta), l’Hydrille verticillée (Hydrilla verticillata) et la Jacinthe d’eau (Pontederia crassipes).

Comment agir

Il est essentiel de ne pas introduire de nouvelles espèces sur le territoire ou dans les milieux naturels. Des arrêtés ministériels ont été publiés pour interdire certaines espèces sur le territoire, pouvant être amendés si de nouvelles espèces menacent l’équilibre des milieux naturels ou des espèces indigènes.
Chacun peut contribuer en choisissant des plantes locales pour tout aménagement paysager ou pour nourrir son bétail, et en évitant de rejeter des animaux d’aquarium ou de terrarium dans la nature. Des actions de lutte contre ces espèces ont été lancées, notamment par les collectivités en collaboration avec des associations telles que le GEPOG, financées par France Relance.

Que dit la loi

« La production, la détention, la cession à titre gratuit ou onéreux, l’utilisation, le transport, l’introduction quelle qu’en soit l’origine, l’importation sous tous régimes douaniers, l’exportation, la réexportation de tout ou partie d’animaux d’espèces non domestiques et de leurs produits ainsi que des végétaux d’espèces non cultivées et de leurs semences ou parties de plantes, dont la liste est fixée par arrêtés conjoints du ministre chargé de l’environnement et, en tant que de besoin, du ou des ministres compétents, s’ils en font la demande, doivent faire l’objet d’une autorisation délivrée dans les conditions et selon les modalités fixées par un décret en Conseil d’Etat. »
Article L412-1, code de l’environnement

Magnifique et venimeux poisson-lion

Il y a quelques années, l’arrivée du poisson-lion dans l’archipel a surpris les marins-pêcheurs.
Introduit accidentellement en Floride dans les années 1985/1990, le poisson lion, Pterois volitans/miles, dénommé aussi rascasse volante, poisson scorpion ou lionfish en anglais, occupe désormais toute la zone Caraïbe et tous les écosystèmes côtiers.
Cette rascasse volante constitue un véritable fléau pour les récifs coralliens. Venimeux, il arbore de longues épines empoisonnées qui, en cas de piqûre, provoquent une vive douleur. Vorace, il gobe ses proies toutes générations confondues : des adultes aux alevins en passant par les larves. Invasif, l’animal ne connaît quasiment aucun prédateur naturel et se reproduit si vite qu’il a envahi de nombreux océans et mers du globe, y compris la Méditerranée. Portrait d’une espèce marine qui menace l’écosystème des récifs coralliens. Que faire ? Les pêcher avec précaution. Attention aux épines ! Les éplucher et en consommer les filets. C’est un poisson goûteux. Un vrai délice.

Plus d’informations dans le magazine
L’Hebdo Antilles-Guyane sur hebdoantillesguyane.com

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