Avec Visions 1, le pianiste guadeloupéen Jean-Michel Lesdel posait un cadre entre musiques populaire et spirituelle. L’album de 13 titres, Visions 2, disponible en téléchargement à partir du 19 avril, combine ces deux univers… pour aller plus loin.
Treize titres, des arrangements soignés, une orchestration qui reflète l’exigence du professionnel. Dans Visions 2, Jean-Michel Lesdel s’exprime sans retenue. Sans aucune restriction.
Pianiste, organiste en chef à la cathédrale de Basse-Terre, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, directeur de l’école de Musique de Lamentin…, Jean-Michel Lesdel produit une musique qui est la synthèse de ses univers et des qualités qu’il exerce au quotidien. Pour lui, la quête d’excellence n’est pas une option. Alors, forcément, face à la marche du monde, aux dérives du milieu musical, à l’évolution de notre société… il ne peut rester insensible et encore moins, opter pour le mode « silence ».
« Les formats qu’on nous impose sont dangereux pour les codes de la musique »
Artiste engagé, pédagogue, chef d’orchestre du projet Demos Guadeloupe, animé par de vraies valeurs, Jean-Michel Lesdel considère la transmission comme un devoir. Non négociable.
« La transmission est très importante par rapport aux diktats et aux formats qu’on nous impose aujourd’hui et qui, à mon sens, sont dangereux pour la jeunesse, pour les codes de la musique : c’est le musicien, premier prix de Conservatoire qui parle ! On est en train de perdre le M majuscule de la musique à travers tout ce qu’on nous distille, affirme Jean-Michel Lesdel. C’est important de se sentir tiré vers le haut. Nous sommes capables, dans divers domaines, artistique, sportif, intellectuel…, avec tous les talents que compte la Guadeloupe, de montrer qu’on est un peuple qui aspire à l’excellence. J’ai envie que notre jeunesse sorte des formats factices qui ne reflètent pas la grandeur de la Guadeloupe, surtout au lendemain des funérailles de Maryse Condé ! »
Si, dans la forme, Jean-Michel Lesdel nous convie à un voyage harmonieux alliant « mizik a mas » à des couleurs classiques mêlées à la musique antillaise, dans le fond, il s’agit pour lui de partager sa vision de la Caraïbe et du monde.
Des mots et des émotions musicales
Au fil des 13 titres, chacun pourra se sentir interpeller par des mots, des émotions, une réflexion qui viendra nourrir – avec pertinence – le débat collectif. « Le titre Ititilézu, qui signifie petite communauté, précise le pianiste, évoque ce que vit la Guadeloupe depuis ces derniers mois, et interroge sur ce que nous, Guadeloupéens, faisons pour la Guadeloupe. » Un titre symbolique, conçu à quatre mains, entre père et fils, Jean-Michel et Nathanaël Lesdel, qui y pose aussi sa voix. À leurs côtés, Thierry Fanfant (basse), Arnaud Dolmen (batterie).
On accordera une attention particulière au titre Elwa, de Christen Aigle, réarrangé par Jean-Michel Lesdel (piano), avec le quatuor à cordes Alma (Béatriz Arias et Camila Crespo, au violon, Leidy Laura Diaz, à l’alto, Amaya Justiz, au violoncelle). Le titre porté par la voix authentique de François Ladrezeau, est interprété par Eric Delblond (basse), Rudy Lévis (batterie) et Frank Nicolas (coquillage).
Entre autres témoignages, Visions 2 comprend un hommage amical à Rudy Benjamin, pianiste, fondateur du groupe Dissonance, directeur musical du « group-a-mas », Vim, brutalement disparu en février 2024, et avec qui Jean-Michel Lesdel a longuement collaboré au sein de ces deux formations.
De Frédéric Caracas à Nenad Volarov
La musique étant un art qui se partage en abondance, une trentaine de musiciens et invités ont apporté leur contribution à Visions 2. Parmi eux, Karim Verger (guitare), Nenad Volarov (violon), Etienne Mbappé ( basse), Claudy Durizot (basse), Yoann Danier (batterie), Régis Thérèse (basse), Frédéric Caracas (basse), Marly Mélion, Patrice Coyo, Rachelle Allison, Mirella Toussaint, Edith Lombardo (chant)…
L’album Visions 2, disponible au format numérique sortira par la suite en CD et vinyle. Ce sera alors l’occasion pour Jean-Michel Lesdel d’aller à la rencontre du public pour échanger sur ses « visions » du monde.
Cécilia Larney