Dix ans après avoir été officiellement dissout, Carimi devient le premier groupe de musique haïtienne à remplir le UBS Arena de Long Island, New York. Le groupe y était à l’affiche le 27 décembre 2024 pour une seconde réunion depuis leur séparation. Plus de 19 000 personnes, majoritairement des Haïtiens, ont répondu à l’invitation, prenant ainsi part à une soirée historique riche en musique.
Everybody screammmmm ! Cette phrase en apparence banale résume l’ambiance qui a régné au UBS Arena vendredi soir. Imaginez 19 000 personnes de différentes générations, criant, sautant et s’amusant à tue-tête sur la cadence des chansons de leurs artistes favoris. C’est fou de l’imaginer pas vrai ! C’est pourtant la réalité du deuxième spectacle de réunion de Carimi.
Le temps d’une soirée, Carlo, Richard et Mickael ont revisité le répertoire des titres à succès de leur groupe. Offrant au public l’opportunité de créer des souvenirs immortels, tout en gravant le rythme Konpa en lettre d’or sur la place des plus grands.
Alors que l’arène se remplissait et que les musiciens ainsi que les organisateurs s’entretenaient avec la presse en coulisse, Dj Stakz mettait l’ambiance. Tout feu, tout flamme et vêtus de leurs vêtements du 31, les membres du public ne se sont pas fait désirer. Ils sont tout de suite rentrés dans l’ambiance. Le spectacle du jour était une célébration, celle de la musique haïtienne, celle de Carimi, celle de la legacy de Mikaben.
Et le public a très bien compris le concept. Sur le coup de 9 : 30 pm, les images de l’intro de la prestation de Carimi furent lancées, avec elles une vague d’acclamation où se mariait excitation, espoir et fierté. « Carimi, Carimi, Carimi, Carimi, Carimi », criait le public avant que le trio ne fasse son apparition sur la chanson « We the best ». Comme pour rappeler l’excellence de leur répertoire et l’énormité de l’exploit qu’ils accomplissaient ce soir-là.
Carimi c’est « Player », « Bang Bang », « Kidnaping », « Sou pou ou », « Sa k fèt nan Carimi », « Mwen dezole », « Por favor », « Buzz », « Are you ready », « Lill Yayad » et j’en passe. Les musiciens ont minutieusement bâti leur playlist de la soirée afin de revisiter leurs meilleurs tubes. Une manière de satisfaire un public assoiffé de musique et nostalgique des beaux jours du groupe. Pa gen plenyen.
Puisque Carlo Vieux, Mickael Guirand et Richard Cavé ont offert plus de 150 minutes non-stop de musique à leurs fans. Pour l’occasion, les organisateurs ont servi de belles surprises au public. En effet, Roberto Martino, T-Joe Zenny, Shabba et la chanteuse Tina étaient les invités de Carimi pour cette deuxième réunion. Roberto Martino et T-Joe Zenny ont interprété la chanson « Ou pati », chanson emblématique de Mikaben.
À côté de la dextérité de ces deux messieurs en matière d’animation de foule, l’implication et l’enthousiasme du public a chanté ce titre en hommage au regretté Mikaben sont remarquables. Plus tôt dans la soirée, les premiers arrivants avaient démarré les hommages en reprenant les paroles de « Fè lapli », un des derniers tubes du disparu. Dans la rubrique des invités à ce concert, Shabba a signé la deuxième prestation sur la chanson « Buzz ».
Shabba a fait du Shabba, à l’aise comme un poisson dans l’eau, le musicien-actionnaire de la formation musicale Ekip a surchauffé le public. L’ambiance était déjà survoltée, l’artiste a comme ajouté de l’huile sur le feu et ce n’est pas le public qui s’en plaindrait. Le Carimi des beaux jours, a collaboré avec plusieurs artistes originaires des Antilles, la chanteuse Tina fait partie de ces belles collaborations.
Pour la seconde réunion du groupe, elle a apporté une dose de douceur en reprenant « À tes côtés » en compagnie de Richard Cavé. Quand je vous dis que cela chantait et criait de partout dans la salle de UBS Arena. Surréaliste !
La reprise de la chanson « Baby I miss you », titre sur lequel la voix de Mikaben est éternellement gravée, est l’un des moments forts de cette soirée déjà riche en émois. Michael Benjamin était présent, il souriait probablement de là-haut. Son empreinte sur la musique haïtienne et l’appréciation des musiciens de Carimi étaient palpables. Plus tôt en coulisse, Richard Cavé avait avoué que les membres du groupe avaient longuement réfléchi avant de se décider à se réunir une nouvelle fois après la mort de Mika.
« L’on s’est demandé si l’on devait s’y prêter une nouvelle fois […] l’on est arrivé à la conclusion que Mikaben aurait approuvé. L’âme charitable et généreuse qu’il était, aurait dit oui », confie le chanteur. Soulignons que tout comme les musiciens, l’assistance n’a manqué aucune occasion d’honorer le disparu en reprenant à tue-tête les tubes sur lesquels il a collaboré.
Pas étonnant que l’une des chansons de clôture du spectacle soit « Bang-Bang », cette chanson publiée au cours des premières années du groupe est toujours d’actualité. Ces paroles résonnent comme un appel au réveil « Peyi mwen tounen tankou yon fim Kòboy, bang bang Lucky Luck, peyi m pa yon jwèt sispann jwe avè l ».
Mickael Guirand, band leader exceptionnel, a pendant la soirée un message à la diaspora. Exprimant un réalisme surprenant, à savoir qu’il est possible que les présentes générations ne soient pas témoins du changement positif et réel que les Haïtiens de partout espèrent pour leur pays, il encourage ceux qui le peuvent à aider et s’engager comme ils le peuvent pour l’avenir d’Haïti. Ce concert retour de Carimi était l’occasion pour lui de rappeler sa dextérité et agilité. Mickael a mené le show d’une main de maitre, sans artifice et avec une aisance calculée.
Ce concert qui a démarré vers 9 : 30 Pm a pris fin aux environs de 12 : 30 Am, curieusement le public en redemandait. Si la majorité des membres de l’assistance sont partis tout de suite après le concert, certains sont restés tard dans la nuit pour un « Meet and Greet » organisé par le consulat d’Haïti à New York.
Les messieurs de Carimi et plusieurs personnalités ont reçu des trophées de distinction du Consulat. Nous pouvons citer Carel Pèdre et Jay Upscale, le numéro 1 de Konpa Kingdom à la base de cette seconde réunion de Carimi dans les contrées où ils ont démarré : New York.
Carimi et Konpa Kingdom ont réussi le pari. Certains avaient, au début de la soirée, exprimé des inquiétudes face au spectre d’un quelconque incident, à la fin, satisfaction, fierté et soulagement étaient les sentiments communs de ceux qui ont assisté au concert-réunion de Carimi le 27 décembre 2024. Cette deuxième réunion de Carimi vient de prouver une nouvelle fois que le groupe est légendaire.
Et le public n’en a pas fini de leur montrer son appréciation. Il faut dire que toutes les générations (ceux en âge de sortir) étaient représentées au UBS Arena. Quant au bicolore haïtien, il était présent à chaque coin de l’arène. Que ce soit sur les écrans, comme accessoires de mode ou en train d’être flotté en signe de représentation et de fierté.
Parlons également de l’aménagement de la scène. Les musiciens et les choristes étaient disposés de manière latérale, laissant le public une vue claire sur les écrans et donnant accès libre aux danseurs engagés pour l’occasion. Le seul hic, c’était la présence constante toute la soirée du manager de longue date du groupe sur la scène. Fito Farinen s’est donné pour mission de capturer les moindres détails de l’évènement du stage étant.
L’on comprend, l’on a fait la même chose du public étant, mais cela n’aurait rien coûté de jouer de la discrétion dans l’accomplissement de cette tâche. Restons-en là en ce qui concerne les reproches, la soirée était trop belle pour rester sur certains (tout compte fait) détails.
Les rumeurs étant ce qu’elles sont, dear Carimi members, we are ready, whenever you are. Cela dit, Carimi au UBS Arena de Long Island, New York est définitivement « A night to remember ».
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/252269/carimi-marque-une-nouvelle-fois-lhistoire