Lauréate des Trophées de l’innovation 2019, Béatrice Souillet, ancienne directrice d’agence de castings et d’événementiels, concrétise son projet de reconversion. Avec l’association Le Nouveau mode, elle ouvre le premier tiers-lieu consacré à la mode, l’art et l’éco-design en Guadeloupe.
A L’Admerane, rien ne se perd, tout se transforme ! A commencer par le site qui accueille le tiers-lieu. Situé rue de l’Ilet Pérou, à Capesterre Belle-Eau, l’ancien réfectoire a été rénové et équipé, par l’association Le nouveau mod, pour qu’il soit un lieu de création dédié à la mode, à l’art et à l’éco-design. Plus que de surfer sur la vague éco-responsable, le tiers-lieu L’Admerane, à Capesterre Belle-Eau veut s’inscrire dans une démarche durable en favorisant un nouveau mode de création et de consommation.
« Nous n’utilisons que des stocks dormants. »
Béatrice Souillet, de l’association Le Nouveau mode.
« Notre activité est basée sur l’économie circulaire, la mode, et l’éco-design, précise Béatrice Souillet, fondatrice de l’association le nouveau mode, porteuse du projet de tiers-lieu l’Admerane. Tout est recyclé ou réemployé, y compris l’ameublement. »
Etagères en carton, comptoir en palettes, encadrement de miroir, chaises « relookées » avec des poches de jeans… en témoignent. « Pour créer ou recycler des vêtements, nous n’utiliserons que des stocks dormants : des rouleaux de tissu en fin de série, des vêtements dont on nous a fait don… ».
Seconde vie…
Les vêtements de bonne qualité sont triés, repassés et vendus en seconde main. D’autres sont recyclés pour une seconde vie, « pour faire du beau avec de l’ancien : c’est le principe de l’Upcycling », commente Béatrice Souillet. Le reste est destiné au broyage pour le rembourrage de coussins, le capitonnage…
Concrétisation du projet de Béatrice Souillet, lauréate des Trophées de l’insertion 2019, ce tiers-lieu est un espace innovant. L’objectif est de développer un nouveau mode de consommation du textile, mais aussi de fabrication, avec de nouveaux outils, modernes, performants (piqueuses plates, imprimante 3D, brodeuse, presse à chaud, tablettes graphiques…). Le tiers-lieu dispose d’un espace mercerie, d’un showroom. « On ne peut plus continuer à créer et à consommer comme avant, insiste la fondatrice du Nouveau mode. Il y a une urgence climatique. Avant de créer, il faut imaginer ce que le vêtement va devenir après. »
Ateliers, ventes privées, débats…
Inauguré ce vendredi 12 août (sur invitation), L’Admerane sera un espace polyvalent. A partir de la rentrée, il aura vocation à animer des ateliers en partenariat avec le Conseil départemental de Guadeloupe au profit des bénéficiaires du RSA (Mieux maîtriser son environnement digital et numérique, Couture Upcycling…), mais aussi des formations, ouvertes à tous, sur la mode circulaire et tout ce qu’implique une démarche éco-responsable.
Du projet à la réalisation d’un vêtement, voire d’une collection, propose aux passionnés de mode et de recyclage de relever le défi et de bénéficier de conseils de professionnels du secteur. Le grand public y trouvera son compte : le tiers-lieu organisera des ventes privées de vêtements recyclés, des animations…
Totalement intégré dans le projet éco-responsable de l’association, un Rooftop est en train d’être aménagé à l’ombre d’un calebassier, ainsi qu’un « Repair Café » pour que chacun apprenne à réparer ses vêtements « plutôt que de les jeter », insiste Béatrice Souillet.
Cécilia Larney
Tiers-lieu L’Admerane, Capesterre Belle-Eau : 05 90 26 34 56. Email : ladmerane@gmail.com
De la restauration à la couture éco-responsable
En formation Couturier/Retoucheur à Guadeloupe Formation, Iris suit depuis un mois un stage à L’Admerane. Ancienne salariée de la restauration, Iris a trouvé avec l’Upcycling, son nouveau monde professionnel. « L’endroit donne envie de créer, confie Iris. L’Admerane me permet de développer une activité qu’on ne trouve pas beaucoup avec l’Upcycling. »
Reconvertie depuis un an et demi dans la couture, Iris se passionne plus encore pour cette nouvelle activité qui lui permet de créer et de protéger l’environnement. « Avant, je n’avais pas forcément les moyens d’acheter des tissus : je me suis orientée vers la friperie et les habits qu’on me donnait. J’ai adoré créer à partir de vêtements existants : je me sens utile avec la couture éco-responsable. Pour moi, L’Admerane est l’endroit rêvé : j’ai du matériel à disposition pour travailler. J’ai la chance de faire des choses qui me changent et qui ont un impact environnemental. »