Le 6 décembre 1961 Frantz Fanon mourait à 36 ans. Né en Martinique, dissident pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait étudié comme psychiatre les dégâts du racisme et du colonialisme, avant de s’engager pour l’indépendance de l’Algérie.
Frantz Fanon est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France en Martinique. Son père est inspecteur des douanes et sa mère commerçante, issus de la petite-bourgeoisie métissée du territoire. Ensemble, ils auront huit enfants, dont six survivront et feront des études secondaires. Fanon est élève au Lycée Schoelcher, à l’époque où Aimé Césaire y est professeur.
En 1943, à 18 ans, Frantz rejoint les Forces françaises libres du général de Gaulle, en passant par la Dominique. Son expérience de l’armée est contrastée : alors qu’il s’est engagé plein de patriotisme, il fait l’expérience du racisme, passe pour un soldat indiscipliné, mais se bat avec courage dans les combats de la Libération de la France.
Il revient ensuite en Martinique où il obtient son baccalauréat en 1946. Grâce à une bourse, il part faire des études de médecine à Lyon, où il se spécialise en psychiatrie, tout en suivant des cours de littérature et de philosophie.
En 1952, il publie Peau noire, masques blancs, tiré de son doctorat de psychiatrie, dans lequel il questionne les notions d’identité, d’assimilation, de racisme à l’encontre des personnes noires, à travers son expérience d’Antillais né en Martinique et installé dans l’Hexagone.
En 1953, il devient médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie. Confronté aux injustices de la société coloniale comme aux névroses des populations qui les subissent, il élabore des méthodes pour traiter les effets psychologiques du système colonial sur les colonisés, notamment la dépersonnalisation et la déshumanisation. Quand la guerre d’Algérie éclate, il soigne les soldats français le jour, et les combattants du Front de Libération Nationale la nuit.
En 1956, il démissionne de son poste hospitalier pour rallier les rangs du FLN ; quelques semaines plus tard, il est expulsé vers la Tunisie. S’affirmant désormais « algérien », il représente les indépendantistes en Afrique, et signe quelques-uns des textes les plus influents du mouvement anticolonialiste, comme L’An V de la révolution algérienne (1959) et Les Damnés de la Terre (1961), préfacé par Jean-Paul Sartre.
Il meurt d’une leucémie à Washington le 6 décembre 1961, sans voir l’indépendance algérienne pour laquelle il a tout donné dans les dernières années de sa vie.
Par son approche très personnelle des questions d’identité, de race et de domination, nourrie à la fois par son expérience de médecin psychiatre, d’Antillais déraciné et de militant anticolonialiste, dont il a nourri des textes sans cesse relus et redécouverts depuis leur parution, Frantz Fanon est devenu dans le monde entier un héraut de la lutte armée pour les indépendances, un pionnier des études post-coloniales et un penseur critique des « identités noires » face au racisme de la société.
Source : Fondation pour la mémoire de l’esclavage : https://memoire-esclavage.org/biographies/frantz-fanon-0