Diplômé en commerce et en droit, passionné de poésie, Me Willy Bade exerce au Barreau de Guadeloupe. Collaborateur du cabinet DFM avocat (Pointe-à-Pitre), il est lauréat du Prix d’éloquence Gerty-Archimède 2024. L’histoire d’un parcours atypique, marqué par l’endurance et l’audace.
Quand les uns rêvent très tôt de l’activité professionnelle dans laquelle ils s’épanouiront « quand ils seront grands », Willy Bade, lui, ne s’est pas fermé les portes, préférant se laisser… inspirer. Tout simplement. « Quand j’ai commencé mes études, je savais juste que je voulais consacrer mes 40 prochaines années à une activité signifiante pour moi, explique Me Willy Bade. Quand le droit s’est présenté à moi, j’ai su que je pourrais m’épanouir pleinement dans la durée. La technique juridique et ses effets me plaisent. J’aime l’idée de manipuler une matière qui permet de modifier les situations. »
Trouver la voie qui, aujourd’hui, fait sens pour lui n’a pourtant pas été une évidence. Le parcours de Me Bade qui a prêté serment le 5 février 2024, est pour le moins atypique. Après le bac, il s’oriente vers une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce, au lycée Gerville-Réache (Basse-Terre), puis intègre la Skema Business School où il choisit de préparer un double diplôme en droit et en commerce. « L’école de commerce permet de s’ouvrir à diverses voies, notamment le droit », commente Willy Bade.
Le juste ton pour un sujet clivant
Une fois la connexion établie avec sa matière de prédilection, Willy Bade continue de s’appliquer dans ses études à l’Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne, à l’école nationale de la magistrature et en double cursus à l’école de formation du barreau de Paris…
Avocat affairiste au sein du cabinet DFM Avocat, qui l’avait accueilli pendant sa formation, Willy Bade, de retour « au pays » depuis deux ans, habitué aux doubles cursus, pratique aussi le droit pénal, majeur et mineur, et le droit des étrangers et de la nationalité.
Son parcours témoigne de son endurance. En s’illustrant lors du concours d’éloquence, l’avocat de 27 ans a aussi montré qu’il avait de la ressource et un « brin » d’audace, même face à une porte étroite. Le sujet qu’il a tiré au sort pour sa plaidoirie aurait pu laisser… perplexe. Pourtant, le jeune Marie-Galantais a su trouver la voie et le ton juste – en 48 heures – pour revenir sur un épisode clivant dont les effets sont encore loin d’être totalement dissipés.
« Il faut rester fidèle à ses valeurs, sinon on se perd rapidement ! »
Construire son intervention sur Les noces de Dame Pandémie et de Sieur Droit a permis à Me Willy Bade, humaniste et passionné de poésie, de s’exprimer en toute sincérité. « C’était un vrai défi ! Pour aborder le sujet de la pandémie qui a profondément divisé, j’ai opté pour la métaphore, explique Willy Bade. Il fallait trouver le moyen de parler à tout le monde sans crisper l’auditoire, sans se trahir, en étant sincère. Sous l’angle poétique, en personnifiant le droit et la pandémie, j’ai beaucoup évoqué la notion d’humanité, le message central de ma plaidoirie. J’ai été touché que des membres du personnel soignant qui étaient là ce jour-là, soient venus vers moi avec de beaux sentiments. »
L’humain, Me Willy Bade en a fait l’une des priorités dans l’exercice de sa profession. « Mon combat, c’est celui de l’humanité, je tiens à rendre le droit accessible à tout le monde. Je m’implique dans des dossiers qui ne sont pas forcément très rémunérateurs, mais dont j’estime que le litige en vaut la peine. Pour moi, c’est signifiant. Garder cette humanité, c’est important. Sinon, on se perd rapidement ! Il faut savoir rester fidèle aux valeurs qu’on a tous eues, au moins au départ ! Même si recourir aux services d’un avocat n’est pas un réflexe dans notre culture, souvent pour des raisons financières, l’avocat a l’obligation déontologique de prendre en compte la situation de fortune de son client. »
Une nouvelle voix au Barreau de Guadeloupe qui ne peut qu’en faire sa fierté.
Cécilia Larney