Des artistes lyriques d’Afrique et de la Caraibe réunis sur une même scène pour un récital célébrant des classiques du répertoire lyrique en y intégrant des influences africaines, des sonorités caribéennes. Les prémices de futures collaborations entre les artistes de la Caraïbe et d’Afrique.
Votre association milite pour la diversité dans l’opéra ?

Patricia Djomseu, présidente de l’association Africa Lyric’s Opera : Oui. Les Voix d’opéra d’Afrique ont été créées pour offrir une plateforme d’expression artistique lyrique aux voix d’opéra d’Afrique et afro-descendantes. Nous avons lancé cette initiative il y a 17 ans avec l’ambition de porter sur les scènes nationales et internationales, les talents africains et afro-descendants.
Qu’est-ce qui a motivé votre initiative ?
Nous avons constaté que nous n’étions pas très nombreux sur les scènes. Pourtant, nous avons un talent extraordinaire et il y a une passion pour l’opéra en Afrique, mais aussi dans la Caraïbe. Il s’agit de mettre en avant la richesse de notre culture. Pour nous, il est important d’associer à cette démarche les compositeurs africains et afro-descendants de musique classique contemporaine, de faire connaître aussi notre base culturelle ancestrale, notre histoire, mais aussi tous les artistes, de très grand talent, qu’ils soient chanteurs ou compositeurs, qui ont porté l’Afrique durant les années de lutte, d’indépendance et de colonisation… Nous souhaitons assurer une transmission par le prisme de l’opéra pour intéresser un nouveau public, mais aussi, porter sur scène, par le biais de la création opératique, une histoire de l’Afrique. D’ailleurs, notre prochain opéra, intitulé, Les Amazones du Dahomey, l’ancien royaume du Bénin, fait sens avec notre histoire et l’actualité.
Comment expliquez-vous la faible représentation des voix africaines et afro-descendantes dans ce secteur ?
Certains ne choisissent pas l’opéra, alors qu’ils pourraient, parce qu’ils n’ont pas suffisamment accès à l’information. Dans ce secteur, il faut aussi des mentors, un accompagnement, des parcours de réussite qui inspirent, même s’il y en a quelques-uns, à la faveur d’une très grande évolution observée au fil du temps. Et, il faut se battre pour avoir des rôles sur scène. Avec notre réseau, notre engagement est d’ouvrir le chemin pour les artistes de la diversité.
La distribution de vos prochains récitals, programmés en Martinique, notamment à Tropiques Atrium, intègre des artistes locaux ?

Nous sommes dans une démarche de collaboration avec la Caraïbe. Nous étions déjà venus en Martinique, pour le festival des Voix de la Sainte-Cécile, au Lamentin. Nous souhaitons créer une dynamique commune en réunissant des artistes d’opéra d’Afrique et de la Caraïbe autour d’un projet commun entre la Caraïbe et l’Afrique. L’objectif est que les artistes de la Caraïbe viennent eux aussi en Afrique et qu’ensemble, nous ayons un partage de répertoires qui touchent aussi bien la Caraïbe que l’Afrique. Après cet échange en Martinique, nous espérons poursuivre notre démarche avec d’autres territoires : la Guadeloupe, la Guyane, Mayotte… pour que les artistes lyriques fassent le pas vers l’Afrique !
Quel sera le programme de vos récitals ?
Ils comprendront trois séquences : les grands airs d’opéra, en première partie. Ensuite, il y aura les chants de foi avec la tradition afro-américaine et caribéenne. Enfin, la dernière partie sera consacrée à l’héritage africain et afro-descendant, à la musique traditionnelle et contemporaine lyrique pour permettre au public d’aller de l’Europe vers les Caraïbes, et de revenir en Afrique.
Parallèlement aux concerts et masterclass, votre association révèle de nouvelles voix ?
Oui. Notre organisation est présente dans 20 pays d’Afrique. Nous avons un maillage territorial très important qui nous permet de détecter les voix d’Afrique de demain. Nous organisons un événement très important, le concours international des Voix d’opéra d’Afrique qui se déroule à Paris chaque année. Le prochain se déroulera dans un mois avec une vingtaine de nationalités.
Entretien : Cécilia Larney
Où entendre les Voix d’opéra d’Afrique et de la Caraïbe ?

- Le Marigot, espace Michel Renard, mardi 1er avril, à 19 heures.
- Saint-Esprit, médiathèque, mercredi 2 avril, à 19 heures.
- Fort-de-France, Tropiques Atrium, samedi 5 avril, à 19 h 30.
Avec Coretta Moueza (soprano, Martinique), Fé Avouglan (soprano, Ouganda et Togo), Elisabeth Moussous (soprano, Cameroun), Kofi Hayford (basse, Ghana), Joël O’Cangha (ténor, Martinique), François-Germain Manwell (basse, soliste, membre titulaire du Chœur de l’Opéra de Paris, Cameroun), Francis Paraiso (piano, Bénin).
- Masterclass voix-piano, avec Elisabeth Moussous, Fé Avouglan, Kofi Hayford, Francis Paraiso, vendredi 4 avril, à 18 heures, à Tropiques Atrium. Techniques vocales, grands airs d’opéra, mélodies, airs africains. Tél. +596 6 96 74 92 62.
En savoir plus : www.tropiques-atrium.fr