Martinique. Vers un congrès « de la rupture »

Première journée de la plénière de la CTM jeudi 19 décembre. On a parlé du prochain congrès des élus.

Que s’est-il passé ? On a parlé de réunir le congrès des élus rapidement. Celui-ci pourrait être réuni d’ici le 28 février.

Pourquoi faire ? Les débats ont porté sur la nature de ce congrès. Et, bien sûr, les esprits se sont enflammés pour dire que les précédents congrès des élus n’ont rien donné ou pas grand-chose.

Les élus ont des états d’âme. Ils veulent changer de société et autonomistes et indépendantistes s’affrontent. Les uns et les autres ne savent pas en fait jusqu’où aller et s’ils seront entendus par le gouvernement français. Du moins quand il y aura un gouvernement en France.

Serge Letchimy, après une passe d’arme avec le député Jean-Philippe Nilor, ce dernier étant — du moins en paroles — déterminé à aller un cran plus loin que le président du Conseil exécutif : « Je ne suis pas pour l’indépendance mais pour la rupture. Faut-il aller jusqu’à l’indépendance ? En tout cas il faut une rupture. »

La rupture est née de la crise sociétale que vit la Martinique. Une natalité en baisse, le départ des jeunes pousses qui vont voir ailleurs si l’herbe est plus verte, la vie chère qui impacte toutes les couches de la société…

Il y a comme un mal-être ambiant. « 99% des décisions qui nous concernent, affirme Serge Letchimy, sont prises à Paris. »

Serge Letchimy qui décrit l’élu martiniquais — lui sans doute — qui va à Paris demander quelque chose : « On prend l’avion, on arrive à Paris, hôtel à Montparnasse, et le tour des ministères, l’Assemblée nationale, où un conseiller nous reçoit, la main sur l’épaule — le président n’aime pas qu’on le touche —, une sorte de mépris… et on repart avec rien. »

Jean-Philippe Nilor, qui semble peu intéressé par les récits de Serge Letchimy, lui qui, vivant la moitié de son temps à Paris, doit sans doute bien connaître, surtout avec son discours très marqué, l’œil mi-amusé, mi-incrédule de ses interlocuteurs parisiens — qui plaident plus le pragmatisme que le romantisme de circonstance et la geste pseudo révolutionnaire — songe, dit-il, « à ne pas venir au congrès. » 

Serge Letchimy, encore : « Il nous faut légiférer, adapter les normes à nos réalités. » 

Foin des articles 73 et 74 de la Constitution, tout comme la Guyane puis la Guadeloupe, Serge Letchimy veut une autonomie à la carte. Ou autre chose. A suivre.

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