Martinique. Un consensus entre syndicats, élus, Etat pour se parler et avancer

A l’issue des discussions, les syndicats se sont dits satisfaits des avancées obtenues du ministre.

Une bouffée d’air frais, sans doute, en Martinique, mardi 30 novembre 2021, dans des discussions constructives avec l’intersyndicale (20 représentants du collectif ont été reçus en préfecture), les élus, en présence des représentants locaux de l’Etat. 

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a salué les bonnes volontés de sortir de la crise, en se parlant. Une méthode de travail a été trouvée, avec des ateliers sur les différentes thématiques évoquées. 

Pour ce qui est de la loi faisant obligation de la vaccination pour les soignants et les sapeurs-pompiers, le ministre a été clair : « Pas d’abrogation. » Et d’ajouter : « D’ailleurs, contrairement à ce qui a été fait en Guadeloupe, ici personne ne me l’a demandée. »

Cependant, syndicats et élus, ont dit que cette loi « sera impossible à appliquer en Martinique. » Sébastien Lecornu a rappelé que c’est la loi de la République, qu’il n’est pas possible de revenir sur cette loi votée pour tout le territoire national.

Cependant, il invite les uns et les autres à démontrer que la loi n’est pas applicable. Et à le faire par écrit, et de faire remonter ces impossibilités locales.

Pour ce qui est des barrages, exactions, etc. le ministre se veut intraitable : il faut mettre fin aux barrages, aux exactions, rendre leur liberté aux Martiniquais. Des renforts vont arriver pour s’occuper de cela. 

Toute ceci, il l’a dit au cours d’un point presse avant son départ pour l’Hexagone.

André-Jean VIDAL

Verbatim

TROUVER TOUS ENSEMBLE UN CHEMIN DE SORTIE DE CRISE

« Le préfet représentant évidemment l’État, mais aussi le gouvernement dans le territoire, les élus., le Président du Conseil exécutif de la Martinique mais aussi une large intersyndicale, rassemblement de différentes sensibilités syndicales, se sont réunis pour essayer de tracer un chemin de sortie de solution. Celui-ci est possible dans le territoire, avant tout car il y a une condamnation unanime des violences. L’État va continuer sa manœuvre régalienne, cette capacité à restaurer l’ordre, les libertés. Je salue cette méthode. Les syndicats font du syndicalisme, les élus portent la vision pour leur territoire dans le champ des responsabilités qui sont les leurs et l’Etat, évidemment, est à leur côté. Les violences sont condamnées, les compétences de chacun sont respectées et chacun a rappelé que la démocratie représentative devait être défendue, ici en Martinique, comme sur tout le territoire républicain. »

LA QUATRIÈME VAGUE SE POURSUIT, LA CINQUIÈME VAGUE PEUT ARRIVER

« Le taux d’incidence (de la Covid) est particulièrement élevé en Martinique, nous sommes toujours en état d’urgence sanitaire. Au fond, la quatrième vague ne s’est jamais complètement terminée. Le taux de positivité des tests est important, étant entendu que malheureusement le nombre de tests, ces derniers jours, pour les raisons que vous imaginez, ont chuté. On voit qu’on a une situation qui est particulièrement fragile sur le terrain sanitaire. Et ça pose donc la question de tenir pour une cinquième vague qui pourrait malheureusement intervenir ici, aux Antilles, et de faire en sorte que cette continuité des soins se fasse. »

LA LOI S’APPLIQUE, SANS ABROGATION MAIS IL Y AURA UNE ÉCOUTE ATTENTIVE

« La loi s’applique.  La question des modalités d’application de cette loi est posée sur un principe de réalité. Donc, je le dis avec beaucoup de bon sens, il y a un principe de réalité sur ce territoire et social et sanitaire qui s’imposera à toutes les parties. En clair, ce matin, les syndicats, les élus n’ont pas demandé l’abrogation de la loi comme ce fut peut-être le cas hier (en Guadeloupe) de manière assez étonnante. Là, j’ai eu des responsables qui m’ont dit qu’ils doutaient de la capacité à faire appliquer cette loi ici, en Martinique. Cela n’a strictement rien à voir et donc j’ai demandé, dans le cadre de ces ateliers santé, à ce que non seulement les élus mais aussi ses partenaires sociaux, documentent et viennent expliquer en quoi la loi doit être difficile à mettre en œuvre ou plus difficile à mettre en œuvre. Le directeur général de l’agence régionale de santé a commencé déjà un certain nombre de consultations sociales. »

LA JEUNESSE, LA VIE CHÈRE

Main dans la main avec les élus, et plus particulièrement Serge Letchimy, auquel le ministre a rendu hommage à plusieurs reprises, les autres dossiers vont être étudiés.

« Des ateliers vont se tenir, notamment autour de l’emploi, autour de la culture autour du sport. Je ne vais pas faire d’annonce avant que ces ateliers ne produisent leurs effets, sinon, il y a quelque chose qui viendrait polluer la méthode sur lequel nous nous sommes mis d’accord ce matin, mais il va sans dire que ces ateliers ne sont pas là pour gagner du temps et que l’État va être présent. Je le dis déjà, c’était ce matin sur un certain nombre de projets concrets, en matière sportive ou culturelle, l’État est d’ores et déjà disponible et se tiendra prêt dès le début du mois de janvier dans le cadre de la prochaine année budgétaire à accompagner un certain nombre de projets territoriaux. J’ai indiqué publiquement pour la Guadeloupe que nous étions plus que disposés à accompagner une nouvelle génération d’emplois aidés qu’on appelle les parcours emploi compétences. Ce qui est dit pour la Guadeloupe a été dit ce matin pour la Martinique. J’ai noté un engagement important du président Serge Letchimy à vouloir accélérer les choses en matière d’emploi aidé. Ce n’est jamais qu’un des instruments que nous devons déployer. En tout cas, c’est un thème important. »

LE VIE CHÈRE EST UN DOSSIER MAJEUR

Sébastien Lecornu a entendu les syndicats, les élus quand il lui ont rappelé les prix pratiqués en Martinique et l’impact sur la vie quotidienne des Martiniquais. Plusieurs pistes ont été évoquées. Restera à faire front devant les lobbies…

« La question de la vie chère. Pour moi, c’est un dossier majeur sur lequel tout ce que nous avons imaginé n’a pas pu être déployé à cause de la crise Covis. Au fond, quand j’ai été nommé ministre des Outre-mer après avoir une discussion avec le président de la République et le Premier ministre, la question de stimuler la concurrence aux Antilles ou même à la réunion ou à Mayotte doit commencer par réfléchir sur des réformes. Il y a la fiscalité, notamment, par exemple l’octroi de mer. Sur les aides au frais aussi quand on voit bien actuellement que le Covid à réinterrogé cette question. La question aussi de l’autonomie alimentaire. On voit bien quand même que notre transition agricole est aussi une des solutions pour faire diminuer les prix sur un certain nombre de denrées alimentaires. »

LE SOUTIEN AUX FORCES DE L’ORDRE

Le ministre a mis en avant que les syndicats comme les élus ont condamné, immédiatement et ils le lui ont redit, les exactions. 

« Il y a en Martinique un soutien unanime apporté aux forces de l’ordre. Il y a néanmoins un préalable de retour à la sécurité et à la liberté de circulation. Il est entendu par tout un chacun : responsables politiques, responsables syndicaux, tout le monde s’accorde sur cette question de bon sens républicain. Madame le procureur de la République, en lien avec les différents services enquêteurs, va continuer de judiciariser, d’apporter une réponse pénale à celles et ceux qui se sont rendus coupables de fait particulièrement graves. Je tiens à redire que les tentatives de meurtre contre les policiers, les gendarmes sont évidemment écœurantes et scandaleuses. Il faut y mettre un chiffre : en seulement quelques jours, ici en Martinique, plus d’une centaine de coups de feu ont été tirés contre des policiers ou des militaires de la gendarmerie. J’appelle tout à chacun à s’emparer aussi de cette question qui repose la question de la présence des armes aux Antilles, allié à un certain nombre de trafics puisque l’ensemble des personnes qui sont actuellement interpellées, 57 interpellations, sont souvent des personnes qui sont connue défavorablement des services de police et de justice. »

METTRE FIN AUX RACKETS, AUX BARRAGES

Sur certains barrages, des rackets ont été constatés, que le ministre condamne avec indignation. 

« Un phénomène malheureusement aussi bien connu appelle toute l’attention des services de l’autorité judiciaire et des services de police et de gendarmerie : Ce sont les rackets sur les différents barrages : rackets financiers, rackets sexuels sur un certain nombre de barrages. Les faits ont été clairement établis par les enquêteurs et l’autorité judiciaire. Là aussi, la justice continuera de faire son travail et d’ailleurs, en lien avec Monsieur Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, nous allons aussi regarder comment nous pouvons épauler les parquets pour absorber l’ensemble aussi de la charge de travail qui pose sur leurs épaules. La libération des axes et donc rétablir une liberté fondamentale qu’est la liberté de circulation est un enjeu majeur. Je n’ignore pas que certains continuent de jouer de quelques provocations. »

DES RENFORTS VONT ARRIVER

Comme en Guadeloupe, le ministre a annoncé l’arrivée de nouveaux renforts pour renforcer les effectifs et rétablir l’ordre public.

« Aujourd’hui en Martinique, je veux dire qu’un plan de libération des axes va se décliner dans les prochaines heures et les prochains jours et que je vous annonce un renfort, comme en Guadeloupe, d’un escadron de gendarmes mobiles pour la Martinique. Il y a évidemment une tâche particulière qui incombe et revient à l’état, au gouvernement de la République, c’est celui du rétablissement de l’ordre et des libertés. »

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